Boeing a annoncé mercredi des résultats trimestriels contrastés, marqués notamment par un recul de son chiffre d'affaires dû à une baisse de ses livraisons, dont celles du programme 737, son meilleur vendeur.

Le constructeur aéronautique a dégagé un bénéfice net de 1,45 milliard de dollars au premier trimestre, en hausse de 19% sur un an. Son chiffre d'affaires a toutefois reculé de 7,3% à 20,98 milliards, davantage que le déclin de 6% à 21,34 milliards de dollars sur lequel tablaient les marchés financiers. C'est la deuxième fois en 21 trimestres que les revenus sont en dessous des attentes.

À Wall Street, le titre reculait de 1,07% à 181,56 dollars vers 12h20, les investisseurs s'interrogeant également sur le fait que la marge opérationnelle de la division aviation civile se retrouve à 8,5%, soit son niveau le plus bas depuis le premier trimestre 2011.

Si les économies et les réorganisations de ses sites pour diminuer les coûts de fabrication du long-courrier 787 dopent les bénéfices, la baisse du rythme des livraisons d'avions, aussi bien civils que militaires, affecte le chiffre d'affaires.

L'avionneur a livré à ses clients 169 avions commerciaux lors des trois premiers mois de l'année, soit sept de moins comparé au premier trimestre 2016. Ce déclin est dû principalement au monocouloir 737 dont Boeing n'a livré que 113 exemplaires durant le trimestre, soit une diminution de 6,61% sur un an. Le groupe de Seattle (nord-ouest) est en pleine transition entre la version actuelle et la version remotorisée (737 Max) censée prendre le relais dans les prochains mois.

Boeing a toutefois confirmé vouloir toujours livrer entre 760 et 765 appareils commerciaux en 2017.

Suppressions d'emplois

Côté militaire, le groupe américain n'a livré aucun avion de transport C-17 contre trois appareils en 2016, et ses clients n'ont reçu que 6 exemplaires de l'avion de combat F/A-18 Super Hornet contre 8 à la même période un an plus tôt.

Les livraisons sont le baromètre le plus scruté par les experts, car les clients des avionneurs s'acquittent traditionnellement de la facture quand ils prennent possession de l'appareil.

Elles ont en outre pris beaucoup d'importance parce que Boeing et son grand rival Airbus disposent de carnets de commandes fournis, suscitant des interrogations sur leur capacité à respecter leur calendrier de livraisons respectif.

Le carnet de commandes de Boeing était évalué à 480 milliards de dollars au 31 mars, en hausse de 1,3% en trois mois, dont 27 milliards de commandes fermes.

Face au ralentissement des livraisons, le constructeur aéronautique s'est lancé depuis le début de l'année dans des plans de réductions de coûts, qui passent par des suppressions d'emplois entre autres.

Boeing devrait annoncer le 23 juin prochain la suppression de centaines de postes d'ingénieurs dans la division aviation commerciale et envisage des coupes supplémentaires avant la fin de l'année, avait indiqué mi-avril à l'AFP un porte-parole. Au total, il a supprimé 3500 emplois depuis le début de l'année, soit 2,33% des 150 500 salariés qu'il comptait au 31 décembre 2016.

«La plupart des actions que nous prenons sont nécessaires si nous voulons continuer à investir dans la R&D (recherche et développement, NDLR) et nourrir l'innovation pour l'avenir», a justifié le PDG Dennis Muilenburg, lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats aux analystes.

Boeing a relevé mercredi sa prévision de bénéfice par action ajusté pour 2017, qui devrait ressortir désormais dans une fourchette comprise entre 9,20 et 9,40 dollars, contre de 9,10 à 9,30 dollars auparavant, essentiellement parce que le groupe s'attend à payer moins d'impôts. Il a maintenu inchangé son objectif d'un chiffre d'affaires compris entre 90,5 et 92,5 milliards de dollars.

M. Muilenburg s'est par ailleurs félicité mercredi du projet de baisse d'impôts pour les entreprises de l'administration Trump et de la décision du Congrès américain de relancer l'Ex-IM Bank, la banque qui garantit les prêts aux entreprises exportatrices américaines.

«Nous avons toujours poussé pour des politiques qui nous permettent d'être compétitifs sur la scène internationale», a-t-il déclaré, restant muet en revanche sur l'absence possible de taxes sur les importations dans la réforme à laquelle Boeing était favorable.