Alors que des groupes de presse demandent l'aide de l'État québécois pour accélérer leur virage numérique, le projet de loi 122 entourant l'autonomie des municipalités arrive à un «mauvais moment», estime le président et chef de la direction de TC Transcontinental, François Olivier.

Cette mesure législative ne rendrait plus obligatoire la publication des avis publics dans les journaux, privant ces derniers d'une importante source de revenus.

«Je ne veux pas être alarmiste, mais c'est sûr que lorsqu'on est en train de se transformer, que nos revenus publicitaires tirés du papier baissent et que l'on fait tout pour assurer sa transformation, une nouvelle comme celle-ci ne vient pas nous aider», a expliqué M. Olivier, vendredi, en marge de l'assemblée annuelle de l'entreprise, qui se tenait au centre-ville de Montréal.

L'éditeur et imprimeur québécois fait partie de la Coalition pour la pérennité de la presse d'information au Québec, formée entre autres du Groupe Capitales Médias, du quotidien Le Devoir et d'Hebdos Québec. Elle dit représenter 178 journaux qui rejoignent quotidiennement quelque 6,5 millions de Québécois.

Le regroupement craint que les avis publics ne se retrouvent uniquement sur les sites internet des municipalités.

M. Olivier n'est pas allé jusqu'à dire que le projet de loi 122 signerait l'arrêt de mort de certains de ses 100 journaux hebdomadaires, mais il a estimé que la mesure législative devait être plus flexible.

«Il est important que cette loi soit modifiée pour inclure un volet numérique, a-t-il dit. On espère que les médias, que ce soit avec les plateformes papier ou numérique, seront considérées. Pas seulement les villes.»

La contribution des médias aux revenus de Transcontinental a continué à diminuer au cours du dernier exercice, ne représentant qu'environ 15,5 % des 2,02 milliards $ de revenus générés par la société. En 2015, ces activités avaient généré environ 19 % du chiffre d'affaires.

Il en a été de même pour son nombre d'employés, qui est passé de 1900 à quelque 1500 au cours de cette période. L'an dernier, environ 300 postes ont été supprimés au Québec et dans les provinces atlantiques dans le cadre de restructurations, et 100 employés ont quitté l'entreprise lors de la vente de 13 journaux en Saskatchewan.

À l'inverse, après seulement trois ans, les activités d'emballage souple génèrent déjà des recettes annuelles de 300 millions $, soit 15 % du chiffre d'affaires total.

À quelques semaines du dépôt du budget du ministre des Finances Carlos Leitao, M. Olivier, qui a déjà demandé une aide de cinq ans afin que Transcontinental puisse accélérer son virage numérique, s'attend à de bonnes nouvelles.

«Je pense qu'on a été en mesure de se faire entendre, a affirmé M. Olivier. On s'attend à ce que l'on réponde à certaines de nos demandes.»

Le grand patron de Transcontinental ne s'attend pas à devoir restructurer la division des médias de façon significative en 2017, prenant soin d'ajouter que l'entreprise continuerait à s'adapter au difficile environnement publicitaire.

Ainsi, il n'a pas fermé la porte à des regroupements de journaux ou un déplacement de certaines publications sur le web.

Conforme aux attentes

Transcontinental a par ailleurs profité de son assemblée annuelle pour dévoiler sa performance au premier trimestre, où elle a vu ses profits et revenus croître.

L'entreprise a engrangé un bénéfice net de 42,7 millions $, ou 55 cents par action, en progression de 14,5 % comparativement à la même période il y a un an. Les revenus ont grimpé de 0,9 %, à 503,6 millions $.

En excluant les éléments non récurrents, Transcontinental a affiché un profit ajusté de 41,3 millions $, ou 53 cents par action, en recul de 0,2 % comparativement au premier trimestre de 2016. Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient sur un résultat ajusté par action de 47 cents.

Dans le cadre de son entente avec Lowe's, Transcontinental a renouvelé son entente pour les services actuellement offerts à Rona et ajouté l'impression des circulaires du géant américain de la rénovation et de ses bannières au Canada.

«Cette entente représente des revenus de 200 millions $ sur cinq ans», a fait remarquer M. Olivier, dans sa présentation aux actionnaires.

Les revenus découlant de ses activités d'impression et d'emballage ont progressé de 4,1 %, à 432,3 millions $, au premier trimestre. Dans le secteur des médias, toutefois, les revenus ont plongé de 18,9 %, à 63,1 millions $.

L'action de Transcontinental a avancé vendredi de 99 cents, soit 4,7 %, pour clôturer à 22,30 $ à la Bourse de Toronto.