Le laboratoire pharmaceutique américain Merck a confirmé jeudi la montée en puissance de l'anticancéreux Keytruda, censé doper ses ventes et sa rentabilité à moyen terme, mais fait état d'objectifs financiers prudents pour 2017.

Les ventes annuelles de ce traitement anticancéreux par immunothérapie, commercialisé depuis peu, ont plus que doublé à 1,40 milliard de dollars (+148%), soit davantage que le 1,3 milliard de dollars anticipé par exemple par les analystes du cabinet Trefis, qui en font la future vache à lait du groupe américain.

Elles devraient à terme grimper, selon eux, aux alentours de 6 à 8 milliards de dollars par an, principalement en raison de l'élargissement de ses indications.

Après voir été approuvé aux États-Unis contre le mélanome avancé, le Keytruda y est désormais autorisé dans le traitement des patients atteints du cancer des poumons et du cancer de la gorge.

Les autorités sanitaires européennes et japonaises ont également donné leur feu vert pour qu'il soit prescrit aux patients atteints du cancer du poumon.

«La croissance du Keytruda reflète les efforts continus de l'entreprise pour commercialiser le produit pour différentes applications», explique Merck, connu hors des États-Unis et Canada sous le sigle MSD.

Les espoirs placés sur ce médicament alimentent depuis plusieurs mois la bonne forme du titre en Bourse: après avoir grimpé de plus de 5% depuis le début de l'année, celui-ci gagnait encore 3% à 63,96 dollars vers 11h30 dans les échanges électroniques de pré-séance.

Forte concurrence

Le Keytruda, au même titre que des molécules formant la nouvelle classe de traitements basés sur l'immunothérapie, a pour objectif de soigner le cancer en renforçant le système immunitaire. L'immunothérapie consiste en effet à stimuler les défenses naturelles de l'organisme pour qu'elles luttent contre les cellules tumorales.

«Parler de Merck aujourd'hui revient à parler du Keytruda», souligne le cabinet Trefis, d'autant que les essais cliniques effectués récemment par le laboratoire pharmaceutique Bristol-Myers Squibb pour développer un concurrent potentiel - Opdivo - n'ont pas eu de résultats concluants. Et le traitement Tecentriq du groupe suisse Roche bénéficie encore de très peu d'indications.

En 2016, le bénéfice net de Merck a bondi de 28,1% sur un an à 5,7 milliards de dollars, dont 1,18 milliard (+20,6%) au quatrième trimestre.

Les ventes annuelles ont augmenté de 0,78% sur un an à 39,81 milliards de dollars, mais sont en dessous des attentes de 39,92 milliards. Idem au quatrième trimestre, au cours duquel le chiffre d'affaires de 10,11 milliards de dollars (-0,97%) est inférieur aux 10,22 milliards espérés en moyenne par les analystes.

Cette contreperformance est due, selon l'entreprise, à des effets négatifs de change, notamment l'appréciation du dollar face au yen qui a rogné les ventes générées par ses médicaments au Japon.

L'antidiabétique Januvia, «blockbuster» de Merck, a généré un chiffre d'affaires annuel de 6,11 milliards de dollars, en petite hausse de 1,6%, tandis que le vaccin Gardasil pour la prévention du cancer de l'utérus a enregistré des recettes de 2,17 milliards de dollars, en hausse de 14%.

Les revenus du traitement Remicade contre la polyarthrite rhumatoïde ont poursuivi leur chute: -29% à 1,27 milliard de dollars.

Ce médicament et d'autres traitements de Merck font face à la concurrence de génériques, qui devrait s'amplifier dans les prochains mois avec la commercialisation de versions génériques de l'antibiotique Cubicin.

Si le Januvia préserve encore ses brevets, des rivaux ont développé des médicaments tout aussi efficaces, tandis que les médecins ne recommandent plus que deux doses au lieu de trois jusqu'à présent du Gardasil.

Ce tableau contrasté a conduit Merck, toujours en quête d'une grosse proie pour accélérer sa croissance, à faire état jeudi de prévisions prudentes pour 2017.

Le laboratoire prévoit des ventes comprises entre 38,6 et 40,1 milliards de dollars et un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du nord, de l'ordre de 3,72 à 3,87 dollars.

Les analystes financiers tablent, eux, sur un chiffre d'affaires aux alentours de 40,04 milliards de dollars et un bénéfice par action de 3,85 dollars.