Facebook a continué d'afficher une très forte croissance au troisième trimestre, mais les investisseurs commencent à craindre un essoufflement du moteur de la publicité mobile, surtout que les investissements du groupe, eux, ne montrent aucun signe de ralentissement.

Le titre du réseau social chutait d'environ 7% mercredi vers 19 h 15 dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York.

Facebook a pourtant publié des résultats trimestriels en forte hausse et supérieurs aux attentes. Son bénéfice net s'est notamment envolé de 166% à 2,4 milliards de dollars US, tandis que son chiffre d'affaires a grimpé de 56% à 7 milliards US.

Le réseau a parallèlement continué d'étendre son audience, avec un nombre d'utilisateurs passé de 1,71 milliard fin juin à 1,79 milliard trois mois plus tard. Et leur intérêt pour ses services ne semble pas faiblir: 66% des utilisateurs continuent de se connecter quotidiennement, un taux identique aux trimestres précédents.

Pour Colin Sebastian, analyste chez Baird Equity Research, ces données semblent montrer «que les inquiétudes concernant l'engagement des utilisateurs et d'autres services concurrents sont largement exagérées».

Certains observateurs mettent ainsi régulièrement en avant le risque que représenterait le service de messagerie Snapchat, très populaire auprès des jeunes utilisateurs et donc susceptible de «voler» au premier réseau social mondial ce public courtisé par les annonceurs publicitaires.

Facebook tente depuis plusieurs mois de contrer en déclinant dans ses propres services certaines offres de son rival. Son application de photos et vidéos Instagram a par exemple cloné «Stories», un format de publications disparaissant après 24 heures proposé par Snapchat. Trois mois après son lancement, la version Instagram de Stories revendique déjà plus de 100 millions d'utilisateurs quotidiens, s'est félicité mercredi Mark Zuckerberg, le PDG-fondateur de Facebook.

Ralentissement attendu

L'énorme croissance affichée ces deux dernières années par Facebook repose toutefois sur un seul moteur principal: sa montée en puissance dans la publicité mobile.

Celle-ci représentait à nouveau ce trimestre 84% de ses recettes publicitaires totales, elles-mêmes en hausse de 59% à 6,8 milliards US.

En moyenne sur les deux dernières années, le groupe a affiché une croissance de 50% pour ses recettes publicitaires, mais il ne peut pas soutenir un tel rythme éternellement, et il l'a bien confirmé mercredi, au grand désarroi de Wall Street.

Le directeur financier David Wehner a dit attendre une diminution du taux de croissance du chiffre d'affaires dès le trimestre en cours, entamé début octobre.

Il a aussi prévenu que l'augmentation de la quantité de publicités présentées aux utilisateurs «jouera un rôle moins important pour soutenir la croissance des revenus à partir de mi-2017», alors qu'elle en était jusqu'ici l'un des facteurs principaux.

Les dépenses du groupe, qui constituent une autre source d'inquiétude pour les investisseurs, semblent au contraire parties pour rester élevées.

Si David Wehner estime désormais que leur progression sera cette année dans le bas de la fourchette prévue de +30% à +35%, il a d'ores et déjà indiqué que «2017 sera une année d'investissements agressifs».

Le recrutement d'ingénieurs pour alimenter les technologies du groupe est une priorité, de même que la poursuite de projets à moyen et long terme coûteux, mais susceptibles de diversifier les sources de revenus du groupe.

«Facebook semble concentré (...) pour s'assurer que ses revenus ne meurent jamais», commente Rob Enderle, un analyste indépendant spécialiste du secteur technologique, y voyant des perspectives encourageantes pour l'avenir du groupe.

Mark Zuckerberg a par exemple répété mercredi vouloir «continuer à construire des écosystèmes» dans les cinq prochaines années autour de produits comme Instagram ou les applications de messagerie Messenger et WhatsApp.

Il a aussi réaffirmé la priorité donnée à la vidéo, pour laquelle il a évoqué des tests de nouvelles fonctionnalités destinées à s'intégrer aux applications mobile pour le réseau Facebook lui-même et Messenger.

Facebook a également tenté récemment quelques incursions dans le commerce (Marketplace) ou en entreprises (Workplace), et il continue de miser sur des paris à 10 ans comme la réalité virtuelle (via sa filiale Oculus) ou l'intelligence artificielle.