L'émetteur de cartes bancaires American Express (AmEx) a réussi à mettre en sourdine mercredi les interrogations sur son avenir en affichant son optimiste pour la fin de l'année, après être parvenu à limiter la casse au troisième trimestre.

Le groupe new-yorkais, dont la situation fait l'objet de doutes grandissants au fur et à mesure que ses rivaux et les grandes banques lancent des cartes plus avantageuses, a surpris la communauté financière en annonçant relever son principal objectif financier annuel.

Le bénéfice par action ajusté, qui sert de référence en Amérique du Nord, devrait être compris pour l'ensemble de l'exercice 2016 dans une fourchette de 5,90 à 6 $ US contre de 5,40 à 5,70 $ US auparavant.

Les analystes tablent, eux, jusque-là sur 5,51 $ en moyenne, d'où le bond de 5,39% à 64,55 $ US de l'action vers 19 h 30 dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance à Wall Street.

«Une forte discipline et une amélioration de la qualité du crédit nous ont permis d'être en avance sur nos premières prévisions données en début d'année», a expliqué le PDG Kenneth Chenault.

Hormis la prévision, les résultats meilleurs qu'attendu d'AmEx entre juillet et septembre ont été un soulagement pour les investisseurs, qui redoutaient une forte glissade après la fin d'un important partenariat avec le géant de la distribution américain Costco.

Le résultat net n'a diminué que de 9,8% à 1,14 milliard US, ce qui se traduit par un bénéfice par action de 1,24 dollar, nettement mieux que les 96 cents attendus par les marchés. S'il a baissé de 5,1% sur un an, le chiffre d'affaires est également ressorti au-dessus des attentes, à 7,77 milliards US, contre 7,72 milliards escomptés en moyenne.

Costco représentait une carte AmEx sur dix en circulation aux États-Unis, soit 12 millions de comptes, selon les estimations des analystes.

Guerre pour les PME

AmEx a par ailleurs réussi à réduire ses coûts de 5%, alors qu'il multiplie les initiatives commerciales pour séduire les consommateurs et garder ses clients face à l'offensive de ses rivaux (MasterCard, Discover Financial, Visa) et des grandes banques (JPMorgan Chase et Citigroup) dont les nouvelles cartes offrent des frais de gestion et de prélèvement lors des transactions nettement inférieurs aux siens.

À terme, le groupe américain mise sur une réduction de la voilure qui passe par des économies d'un milliard de dollars d'ici 2017 et compte également sur une baisse des impayés de ses clients.

Il n'est toutefois pas certain que ces mesures suffisent, selon les experts, pour relancer AmEx, qui perd des parts de marché depuis 2014 et est confronté au mécontentement de commerçants jugeant ses commissions trop élevées.

De 2013 à 2015, Amex est passé de 26,7% à 24% de parts de marché du volume des achats réalisés par les consommateurs américains, calcule l'expert Bill Carcache chez Nomura. Cette dégringolade devrait se poursuivre et atteindre 23,1% cette année, d'autant qu'il a perdu des partenariats avec des compagnies aériennes et d'autres grands groupes.

La banque Citigroup a recupéré le juteux contrat avec Costco, qui lui a déjà permis d'enregistrer l'ouverture de 800 000 comptes en l'espace de trois mois. Quant à JPMorgan, elle s'attaque aux PME, clientèle classique d'AmEx, avec deux cartes spécifiques (Sapphire et Chase Ink) qui offrent d'importants points de fidélité.

Il y a «des craintes que le modèle économique d'AmEx, reposant sur de frais de gestion annuels élevés et des produits avec très peu de points de fidélité, ne soit plus adapté à l'époque actuelle», avance Bill Carcache.

Outre de grandes banques en quête de volumes d'activités en cette période de taux d'intérêt bas, AmEx doit aussi riposter à la multiplication des options de paiement en ligne. Des sociétés comme Paypal et Square proposent aux consommateurs de contourner les cartes bancaires en liant directement leur compte à leurs comptes bancaires.

«Nous mettons l'accent sur le portefeuille des cartes Platinium, qui offrent des services et des récompenses importants», a mis en avant le PDG Kenneth Chenault en rappelant qu'AmEx travaille aussi à augmenter la limite maximum de dépenses autorisées pour les PME.