Le numéro un chinois de la vente sur internet Alibaba a vu son chiffre d'affaires bondir de 59% au premier trimestre de son exercice décalé, mieux qu'anticipé, grâce à la robustesse des transactions sur ses plateformes et à l'essor de l'informatique dématérialisée.

Entre avril et juin, le géant de l'internet a enregistré des revenus de 4,84 milliards de dollars (32,15 milliards de yuans), en nette accélération et bien mieux qu'attendu par les analystes sondés par Bloomberg, qui misaient sur 30,2 milliards de yuans.

C'est la «plus forte croissance» trimestrielle d'Alibaba depuis sa tonitruante introduction à Wall Street fin 2014, s'est félicitée la directrice financière du groupe, Maggie Wu, citée dans un communiqué.

La dirigeante a toutefois estimé, au cours d'une conférence téléphonique, qu'il était encore trop tôt pour envisager de relever l'objectif annuel du groupe, qui vise une croissance d'au moins 48% de son chiffre d'affaires sur l'ensemble de l'exercice 2016-2017.

«Nous sommes encore tôt» dans l'exercice, aussi cette prévision, annoncée en juin, «reste inchangée pour le moment», a déclaré Maggie Wu, ajoutant qu'il s'agissait déjà d'un objectif «assez ambitieux».

Le résultat ajusté par action, qui fait référence à Wall Street, s'est établi à 4,90 yuans (0,74 cents), très au-dessus des 4,20 yuans anticipés par le marché.

Son bénéfice net a certes fondu de 77% sur un an, à 1,07 milliard de dollars, mais en raison d'une base de comparaison défavorable: Alibaba avait fait état au même trimestre de 2015 d'un gain exceptionnel de 3,99 milliards de dollars lié à la réévaluation de la valeur de sa participation dans sa filiale Alibaba Pictures, spécialisée dans le cinéma.

Le mastodonte de l'internet a beau avoir largement diversifié ses activités, plus des trois quarts de ses revenus proviennent encore de ses plateformes de vente en ligne (3,52 milliards de dollars, en hausse de 49% sur un an).

La monétisation progresse

Et le volume de transactions enregistré sur ces dernières s'est encore spectaculairement conforté, en dépit de l'essoufflement persistant de l'activité économique en Chine.

Au premier trimestre, il s'est élevé à 837 milliards de yuans (126 milliards de dollars), soit un gonflement de 24% sur un an. Environ 75% de ces ventes ont été réalisées sur des appareils mobiles, a précisé le groupe de Hangzhou (centre-est).

Certes, le nombre d'utilisateurs actifs sur les 12 derniers mois s'élevait fin juin à 434 millions, soit 11 millions de plus qu'en mars, mais cette progression tend à s'essouffler.

Mais le groupe a continué à faire progresser la «monétisation», avec un panier annuel moyen de 30 dollars pour chaque utilisateur actif.

La société a également souligné la bonne performance de son activité de services marketing, qui aide les distributeurs à faire progresser leurs ventes.

Alibaba, avec sa plateforme Taobao, domine à 90% le marché des échanges entres particuliers sur l'internet chinois, et sa plateforme Tmall contrôle la moitié des transactions en ligne entre professionnels et particuliers. Mais toutes deux voient leurs parts grignotées par une concurrence locale plus acérée.

Alibaba continue donc de diversifier ses activités, du sport aux médias (avec le rachat du quotidien hongkongais South China Morning Post) en passant par la finance en ligne, mais également dans l'informatique dématérialisée (cloud), un segment en plein essor qui séduit aussi son rival américain Amazon.

Encore modestes, les revenus trimestriels d'Alibaba dans le cloud ont ainsi bondi de 156% sur un an, à 187 millions de dollars.

Le groupe a également bénéficié de l'intégration de Youku, le YouTube chinois racheté en novembre, et de la plate-forme d'achat en ligne du sud-est asiatique Lazada, acquise en avril.

«Nos résultats reflètent notre solidité dans notre activité centrale du commerce électronique, mais également l'accélération constatée dans notre activité de «cloud», et dans les secteurs des médias en ligne et du divertissement», insiste Maggie Wu.

La rentabilité du coeur de métier du groupe a été pénalisée au premier trimestre par l'intégration de Lazada et les investissements réalisés dans Tmall Supermarket: la marge opérationnelle ajustée de cette activité s'est établie à 61% du chiffre d'affaires, contre 65% un an plus tôt.

Les activités de diversification restent, elles, déficitaires, mais les pertes ont été nettement réduites, avec notamment une marge négative de 13% pour le «cloud», contre une marge négative de 76% un an plus tôt.