Bombardier a affiché une perte nette avoisinant le demi-milliard de dollars US au deuxième trimestre, notamment en raison des rabais consentis pour vendre sa CSeries et de l'accélération de la cadence de production de cet avion commercial.

Malgré tout, son président et chef de la direction, Alain Bellemare, a estimé vendredi qu'il s'agissait d'un « trimestre charnière », puisque la CSeries a commencé à générer des revenus.

En dressant le bilan des trois mois terminés le 30 juin, la direction de Bombardier a surtout été questionnée par les analystes sur les ventes de CSeries, d'une potentielle aide fédérale et les conditions de marché pour les avions d'affaires.

Moins de CSeries pour un important client

Après les commandes majeures de Delta Air Lines et Air Canada, le programme de la CSeries a vu l'un de ses importants clients, la compagnie de location russe Ilyushin Finance, réviser à la baisse son contrat en raison d'une demande plus faible.

Ainsi, les 32 commandes fermes de CS300 assorties de 10 options deviennent 20 commandes fermes de CS300 et un Q400 avec des options pour cinq avio ns Q400 supplémentaires.

En tenant compte du premier appareil livré à Swiss International Airlines en juin, Bombardier compte désormais 357 commandes fermes pour la CSeries. De ce nombre, il faudra probablement rayer la commande ferme de 40 CS300 placée par Republic Airways, qui se trouve sous la protection du chapitre 11 de la Loi sur les faillites aux États-Unis.

La décision d'Ilyushin Finance n'a pas ébranlé l'optimisme du président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, qui s'attend à d'autres commandes pendant la deuxième moitié de l'année.

« Nous avons eu de bonnes discussions avec des clients potentiels, a-t-il dit aux analystes. Le ton a vraiment changé. Les transporteurs peuvent maintenant constater les avantages de la CSeries. »

Bombardier devrait assembler quelque 15 CSeries cette année et la production devrait osciller entre 30 et 40 appareils en 2017. La livraison du deuxième CS100 à Swiss est prévue ce mois-ci.

L'entreprise a inscrit dans ses résultats une provision de 492 millions de dollars US pour des contrats, ce qui est en partie attribuable aux rabais accordés à des clients comme Air Canada et Delta.

Pas de terrain d'entente avec Ottawa

Après avoir reçu un premier versement de 500 millions US du gouvernement québécois, Bombardier continue de discuter avec le gouvernement fédéral dans l'espoir d'obtenir un appui financier.

À la seule question qui lui a été posée sur le sujet par un analyste, M. Bellemare s'est limité à dire qu'il s'agissait d'un « dossier complexe ».

« Nous verrons où cela nous mènera, a dit le grand patron de la multinationale. Nous tentons de trouver une solution gagnante pour tout le monde. »

Grâce à l'investissement de Québec, en échange d'une participation de 49,5 % dans le programme CSeries, Bombardier dit avoir des liquidités de 4,9 milliards de dollars US. La province versera la deuxième tranche de 500 millions US en septembre.

Un marché déprimé dans les avions d'affaires

Bombardier a livré 73 avions d'affaires au cours du trimestre et prévoit toujours 150 livraisons pour l'exercice, ce qui a été bien accueilli par les analystes.

Cependant, en évoquant des conditions de marché plus difficiles à court terme, M. Bellemare a laissé planer le doute sur l'avenir du Learjet 75 - pouvant accueillir entre six et huit passagers.

« Nous allons demeurer à l'écoute du marché et tenter de mousser les ventes et nous verrons ensuite », a affirmé le président et chef de la direction en réponse à un analyste sur l'avenir du Learjet 75.

En 2015, le programme du Learjet 85 avait été mis sur la glace par Bombardier en raison des conditions de marché.

Par ailleurs, M. Bellemare a réitéré que Bombardier n'avait aucunement l'intention, pour l'instant, d'abandonner le développement de l'avion d'affaires 8000, contrairement à ce qu'avait rapporté le Wall Street Journal plus tôt cette année.

« Pour le moment, nous mettons l'accent sur le Global 7000 (dont les premières livraisons ont été repoussées à 2018), a-t-il affirmé. Nous réévaluerons la situation une fois que nous serons plus avancés. »

Jusqu'ici, Bombardier a effectué près de 60 % des 1750 mises à pied annoncées au printemps 2015, ce qui s'est traduit par une charge de 44 millions de dollars US au deuxième trimestre.

Malgré la faiblesse actuelle de la demande, M. Bellemare dit ne prévoir aucun autre « ajustement significatif » de personnel. Tant Unifor que l'Association internationale des machinistes et travailleurs de l'aérospatiale affirment n'avoir rien entendu à cet effet.

Des résultats conformes malgré des pertes

Pour le deuxième trimestre, le constructeur d'avions et de trains a inscrit une perte de 490 millions US, ou 24 cents US par action, par rapport à un profit de 125 millions de dollars US, ou six cents US par action, il y a un an.

Abstraction faite des éléments non récurrents, l'entreprise a affiché une perte ajustée de 83 millions US, ou six cents US par action, en comparaison avec un bénéfice de 145 millions US, ou six cents US, au deuxième trimestre de l'exercice précédent.

Les revenus ont fléchi de 6,5 %, à 4,3 milliards US. Le plus important recul a été constaté du côté des avions d'affaires, où les recettes ont été de 1,47 milliard de dollars US, en baisse de 18 %.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient sur une perte ajustée par action de cinq cents US ainsi qu'un chiffre d'affaires de 4,17 milliards US.

« Nous avons pris des décisions difficiles au cours des 12 derniers mois », a reconnu M. Bellemare, qui continue de croire que le redressement de la multinationale sera complété d'ici 2020.

L'entreprise a également réitéré ses prévisions pour l'exercice. Ses revenus devraient osciller entre 16,5 milliards US et 17,5 milliards US alors que la fourchette du bénéfice d'exploitation ajusté devrait varier entre 200 millions US et 400 millions de dollars US.