L'opérateur américain de télécoms Verizon a annoncé mardi un bénéfice net divisé par plus de cinq au deuxième trimestre, confirmant son besoin de trouver de nouvelles sources de revenus hors du marché ultra saturé du mobile.

Le rachat annoncé la veille pour près de 5 milliards de dollars des activités internet de Yahoo! a ainsi relégué en arrière-plan la contre-performance trimestrielle.

Le portail internet est censé ouvrir à Verizon, déjà propriétaire d'AOL, une autre icône d'internet rachetée pour 4,4 milliards de dollars en 2015, le secteur très lucratif de la publicité en ligne, où Google (30% du marché) et Facebook (12%) règnent actuellement en maîtres.

«En acquérant Yahoo! nous augmentons de taille pour devenir un concurrent sérieux dans les médias sur mobile», a reconnu mardi le PDG Lowell McAdam, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

Estimant le marché à plus de 180 milliards de dollars à l'horizon 2020, le dirigeant a affirmé que Yahoo! constituait «une source importante de croissance des revenus dans l'avenir» et «d'opportunités immenses».

Shar VanBoskirk, analyste au cabinet Forrester Research, souligne que Yahoo! va apporter en l'occurrence des données sur ses utilisateurs essentielles afin d'aider à affiner la publicité en ligne ciblée.

«Plus il (Verizon) obtient d'accès (par le biais d'AOL et Yahoo!, des boîtiers pour le câble et des téléphones), plus il peut cibler les publicités et le contenu par le biais de ces mêmes appareils», indique M. VanBoskirk dans un blogue.

En attente des synergies

Verizon pourrait ainsi créer des meilleures annonces publicitaires faisant concurrence à celles des géants de l'internet et une meilleure expérience pour les utilisateurs face aux autres opérateurs du câble et de la téléphonie.

«Nous entendons prendre une part importante du marché. Notre ambition est d'être un acteur important» a répété Lowell McAdam, énumérant différents avantages de Yahoo! dont la plateforme d'informations financières Yahoo! Finance.

Née en 2000 de la fusion de compagnie de téléphone Bell Atlantic avec l'une de ses concurrentes, GTE, Verizon a les moyens de ses ambitions: il a dégagé l'an dernier un bénéfice de 18 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de 131 milliards de dollars.

Les acquisitions de Yahoo! et AOL sont également censées permettre à Verizon de devenir un géant dans les services de télévision en continu et des produits connectés («internet of things»).

L'opérateur propose déjà go90, un service de vidéo en ligne en continu pour concurrencer Netflix et Hulu, s'associant pour l'occasion à Sony Music et à la fédération de basket-ball NBA.

Des incertitudes demeurent néanmoins sur les synergies générées par la fusion avec Yahoo!, qui risque de poser en outre d'importants problèmes d'adaptation culturelle compte tenu des origines très différentes des deux groupes.

«Nous serons fixés quand on approchera de la finalisation de l'opération», a esquivé le PDG.

Le temps presse pour Verizon alors que la forte concurrence dans le marché du mobile américain affecte son chiffre d'affaires.

Celui-ci a diminué de 5,25% à 30,53 milliards de dollars au deuxième trimestre, au moment où de plus en plus de consommateurs choisissent des offres commerciales non engageantes.

L'opérateur n'a ainsi gagné que 86 000 abonnés mensuels au mobile un des baromètres de la rentabilité. Les analystes espéraient le recrutement de 272 000 nouveaux clients.

En tout, Verizon n'a enregistré que 615 000 nouveaux abonnés au mobile contre 785 000 anticipés par les marchés.

L'opérateur a connu durant le deuxième trimestre une grève de six semaines de techniciens et des personnels responsables de la clientèle qui a perturbé ses opérations.

Le bénéfice net trimestriel a plongé à 831 millions de dollars contre 4,35 milliards de dollars à la même période en 2015, en raison de coûts liés à la revalorisation des salaires des 36.000 salariés, au réexamen des retraites et un réalignement de la dette. Les dépenses et frais généraux ont augmenté de 6,45%.

À Wall Street, le titre Verizon reculait de 0,86% à 55,39 dollars dans les premiers échanges.