Bank of America a dépassé les attentes au deuxième trimestre, mais le plongeon des bénéfices et revenus souligne les difficultés des banques à accroître leurs profits dans l'environnement actuel de taux d'intérêt bas.

Les marges bénéficiaires ont souffert d'un taux directeur de la banque centrale (Fed) proche de zéro empêchant le secteur bancaire d'augmenter ses taux d'intérêt sur les prêts consentis.

La marge d'intérêt nette - différentiel net entre le taux d'emprunt et le taux de placement de l'argent - a baissé à 2,03% entre avril et juin, contre 2,37% à la même période il y a un an, a indiqué lundi Bank of America.

Le revenu net d'intérêt a, lui, diminué de 12% à 9,21 milliards de dollars. Grosso modo, Bank of America a perçu beaucoup moins en récupérant des intérêts sur ses prêts par rapport aux intérêts qu'elle a versés aux épargnants pour utiliser leur argent.

Conséquence: le bénéfice net a chuté de 19,4% à 3,87 milliards de dollars entre avril et juin, tandis que le chiffre d'affaires a dégringolé de 7% à 20,62 milliards.

L'établissement de Charlotte en Caroline du Nord compte quelque 47 millions de clients -particuliers, TPE et PME- aux États-Unis et concentre le plus gros volume de dépôts, ce qui le rend particulièrement vulnérable à l'évolution des taux d'intérêt.

Les choses ne vont pas s'arranger à court terme car, de l'avis de nombreux observateurs, la Fed n'est pas prête à relever ses taux alors que la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit) fait peser des incertitudes sur la croissance mondiale.

Économies

«Nous avons eu un autre solide trimestre dans un environnement difficile», s'est toutefois réjoui le PDG Brian Moynihan, qui essaie depuis son arrivée à la tête de la banque en 2010 de la relancer en clôturant le chapitre des pratiques illicites ayant conduit à la crise des crédits hypothécaires «subprime» et en en améliorant la rentabilité de l'action.

En attendant, Bank of America a confirmé, comme JPMorgan Chase et Citigroup la semaine dernière, le rebond des activités de marché, entraîné par le courtage des «revenus fixes» (obligations, matières premières, devises) dont le chiffre d'affaires a bondi de 27% sur un an. Les revenus du courtage ont dans l'ensemble augmenté de 12% pour un bénéfice net ayant flambé de 42%.

«Les conditions se sont améliorées sur le marché des crédits» et notamment des «obligations émises par les municipalités» a expliqué Bank of America.

Paul Donofrio, le directeur financier, a souligné dans une conférence téléphonique avec des journalistes que le 24 juin - lendemain du vote britannique en faveur du Brexit - avait été le jour le plus actif dans les salles de marché.

Il est toutefois «encore trop tôt» pour mesurer l'impact du Brexit sur l'activité de la banque, a prévenu le dirigeant, ajoutant que Bank of America n'avait pris aucune décision sur son éventuelle réorganisation en Europe.

Comme lors des trimestres passés, la recette reste identique pour préserver les bénéfices: réduire les coûts d'autant que les provisions liées aux créances irrécouvrables augmentent.

Les dépenses et frais administratifs ont ainsi diminué de 3,3% sur un an à 13,5 milliards de dollars, soit le plus bas niveau depuis la crise de 2008, principalement du fait de suppressions continues d'emplois et la fermeture d'agences.

Alimentée par un non-remboursement éventuel des lignes de crédits accordées aux entreprises énergétiques, affectées par de bas prix du pétrole, l'enveloppe des provisions s'élève à 976 millions (+25%).

A Wall Street, le titre gagnait 1,54% à 13,87 dollars dans les premiers échanges. Depuis le début de l'année, il a plongé d'environ 19%, soit plus du double de l'indice bancaire KBW (-8%).