Le groupe d'électronique japonais Sharp, qui est en train de passer sous la coupe du taïwanais Hon Hai/Foxconn, a annoncé jeudi une perte nette massive de 256 milliards de yens (3 milliards de dollars canadiens) en 2015/16, à cause de méventes et frais de restructuration.

Le groupe n'a pas donné de prévisions pour l'année en cours débutée le 1er avril, arguant de la difficulté de calculer les synergies pouvant découler de l'absorption par Hon Hai.

Sharp, firme plus que centenaire, vient de signer un accord avec Hon Hai/Foxconn pour que ce dernier prenne la plus grosse part de son tour de table (66 %), un processus en cours qui va occasionner de nombreux changements dans la direction et la conduite effective des affaires.

L'actuel numéro 2 de Hon Hai, Tai Jeng-wu, actuel bras droit de Terry Gou, PDG du géant taïwanais de l'assemblage de produits numériques, devrait prendre les commandes de Sharp dans les semaines suivant l'assemblée générale des actionnaires en juin, a aussi indiqué le groupe nippon.

Employé par Hon Hai depuis 30 ans, Tai Jeng-wu a mené avec M. Gou les négociations. Il parle parfaitement japonais et connaît la mentalité nippone. Il a été déjà très actif dans d'autres négociations qui ont notamment permis à Hon Hai/Foxconn de décrocher l'assemblage de produits pour Sony.

Admiratif des technologies de pointe de Sharp, dont il a fait l'éloge en avril lors d'une conférence de presse, Tai Jeng-wu, qui sera le cas échéant le premier étranger à la tête de cette société, devra relever les affaires qui sont très mal en point depuis deux ans.

Durant l'exercice passé, Sharp a continué tant bien que mal de lutter dans un environnement défavorable.

Son chiffre d'affaires a chuté de 11,7 % à 2.461 milliards de yens, à cause d'une chute des recettes tirées des téléviseurs LCD, des téléphones intelligents, des purificateurs d'air, des écrans nus pour divers appareils numériques et des systèmes photovoltaïques. Les ventes de copieurs multifonctions et modules de caméra n'ont pas suffi à éviter un plongeon.

Sharp a aussi déploré une perte d'exploitation de 161 milliards de yens.

Le groupe est très endetté et à court de liquidités, ce qui exige des décisions rapides pour le remettre à flot, car il possède des pépites techniques qui sont insuffisamment exploitées, et c'est la raison pour laquelle Hon Hai le convoitait depuis longtemps déjà.

Des rumeurs insistantes, relayées notamment par le quotidien Yomiuri, indiquent que Sharp pourrait encore se séparer de quelque 3000 personnes, essentiellement dans l'activité des cellules et panneaux solaires ainsi que dans les services administratifs du siège situé à Osaka (ouest).

Le groupe a déjà procédé depuis 2012 à plusieurs vagues de restructuration qui ont abouti à la suppression de quelque 6000 emplois, mais il reste dans une situation financière délicate et a un besoin impérieux de faire des économies.

Sharp avait déjà souffert l'année précédente (2014/15) pour des raisons similaires, avec des revenus qui avaient déjà reculé de 5 %, une perte nette de 50 milliards et un résultat net dans le rouge (-222 milliards).