Le numéro un chinois de la vente sur internet Alibaba a vu son chiffre d'affaires bondir de 39% au quatrième trimestre de son exercice 2015-2016, hausse plus forte qu'attendu et dopée par l'essor des transactions sur appareils mobiles.

Au cours des trois mois s'achevant fin mars, les revenus du groupe se sont élevés à 24,18 milliards de yuans (3,75 milliards de dollars), quand les analystes interrogés par Bloomberg tablaient en moyenne sur seulement 23,2 milliards de yuans.

Cela permettait à l'action Alibaba de gagner 4,15% à 78,97 dollars vers 13 h à la Bourse de New York, où le groupe est coté.

Le bénéfice net a augmenté de 85% à 824 millions de dollars. Mais le résultat ajusté par action, qui fait référence aux États-Unis, s'est établi à 3,02 yuans (47 cents), en deçà des anticipations des analystes (3,52 yuans).

Sur l'ensemble de l'exercice, Alibaba a quasi triplé son bénéfice net (+193%) à 71,3 milliards de yuans (11,05 milliards de dollars), tandis que son chiffre d'affaires progressait de 33% à 101,1 milliards de yuans.

«Nos excellents résultats reflètent la robustesse unique de nos activités de vente en ligne en dépit d'un environnement économique compliqué», s'est réjouie la directrice financière, Maggie Wu, dans le communiqué.

Le volume de transactions sur les plateformes du groupe s'est encore conforté en dépit du net ralentissement de l'activité économique en Chine.

Au quatrième trimestre, il s'est élevé à 742 milliards de yuans (115 milliards de dollars), une hausse de 24% sur un an. Quasiment les trois quarts de ces ventes ont été réalisés sur des appareils mobiles, a précisé Alibaba.

Pour l'ensemble de l'exercice, le groupe de Hangzhou (centre-est) a tout juste dépassé la barre de 3.000 milliards de yuans de biens échangés sur ses plateformes (+27%).

«Alibaba reste une entreprise capable de faire de l'argent», a commenté pour l'AFP Tiffany Zheng, analyste du cabinet de conseil Business Connect China.

Au quatrième trimestre, le nombre d'utilisateurs actifs sur les 12 mois précédents a grimpé à 423 millions, contre 407 millions fin 2015.

Mais cette progression tend à s'essouffler, et le groupe multiplie les initiatives pour élargir sa base de clients en proposant par exemple davantage de marques étrangères sur ses sites ou en s'étendant dans les zones rurales.

Par ailleurs, alors que ses plateformes Taobao et Tmall font face à une concurrence locale plus acérée dans la vente en ligne, Alibaba continue de diversifier ses activités, du sport aux médias (avec le rachat du quotidien hongkongais South China Morning Post) en passant par la finance en ligne.

Alibaba mène ainsi une bataille contre Tencent, autre mastodonte de l'internet chinois, pour conquérir le juteux marché «online-to-offline», dans lequel des usagers utilisent leurs smartphones pour réserver des services (taxis, repas, ou tickets de cinéma).

À cette fin, il a annoncé mi-avril un investissement de 900 millions de dollars dans Ele.me, application de livraison de plats à domicile, en complément d'une application similaire, Koubei, qu'il contrôle déjà conjointement avec son bras financier Alipay.

Alibaba poursuit par ailleurs ses efforts d'implantation à l'étranger: il a annoncé le mois dernier son intention de prendre une participation majoritaire dans la plateforme d'achat en ligne du sud-est asiatique Lazada pour un milliard de dollars.

«Nous sommes préparés à continuer à investir dans des activités à potentiel élevé, qui sont hautement stratégiques pour Alibaba», a commenté son co-fondateur et vice-président du conseil d'administration, Joe Tsai, lors d'une téléconférence avec des analystes.

Il a reconnu que plusieurs de ces activités étaient actuellement déficitaires, mais rappelé que le groupe avait l'habitude d'investir sur le long terme. «L'histoire nous a appris que ça paye d'être patient», a-t-il noté.

Concernant les développements en cours chez son grand actionnaire américain Yahoo!, qui détient environ 15% du capital d'Alibaba, Joe Tsai a évoqué «quelque chose d'un peu inconnu pour nous car ils mènent leur propre procédure pour vendre leur coeur de métier».

«Nous ne sommes pas dans cette procédure», a-t-il ajouté.