Le géant allemand de l'automobile Volkswagen a enregistré en 2015 sa première perte annuelle depuis plus de 20 ans, touché de plein fouet par le scandale des moteurs diesel truqués dans lequel il est toujours enlisé.

«La crise actuelle représente un poids financier très important pour Volkswagen», a déclaré vendredi son patron Matthias Müller, lors d'une conférence de presse au siège du groupe à Wolfsburg qui se tenait à l'issue d'une réunion du conseil de surveillance.

M. Müller s'est aussi dit «convaincu que nous avons la volonté et les moyens de surmonter par nous-mêmes les défis actuels».

Le groupe aux 12 marques (Volkswagen, Audi, Porsche, Seat, etc) a dû passer des provisions de 16,2 milliards d'euros (23,1 milliards $ CAN) pour faire face au scandale du diesel, avec pour conséquence un trou dans ses comptes de 1,6 milliard d'euros (2,3 milliards $ CAN) en 2015.

D'après un porte-parole interrogé par l'AFP, il s'agit de la première perte nette annuelle du groupe depuis 1993.

Les provisions doivent permettre à l'entreprise de couvrir les frais liés aux mesures techniques et commerciales adoptées dans l'affaire des moteurs diesel truqués, mais également d'affronter d'importants risques juridiques.

Le constructeur vient de trouver un accord de principe prévoyant des «compensations importantes» afin d'éviter un procès aux États-Unis dans cette affaire, mais il encore dans le pays sous le coup d'une enquête pénale lancée par le département de la Justice et d'actions judiciaires engagées par des clients américains s'estimant floués.

Sans compter les procédures judiciaires déjà entamées ou attendues en Europe, de la part d'investisseurs ou de clients mécontents, et les multiples enquêtes dans plusieurs pays.

Bien qu'ayant terminé l'année dans le rouge, Volkswagen, qui dispose encore de liquidités importantes, n'a pas renoncé purement et simplement à verser un dividende à ses actionnaires, comme le laissaient entendre des rumeurs de presse. Reste que la chute est brutale: Volkswagen compte proposer un dividende de 0,17 euro par action de préférence au titre de 2015, contre 4,86 euros un an plus tôt.

Le groupe a également dressé vendredi dans un communiqué un tableau plutôt sombre de l'avenir. Il s'attend ainsi à un repli de son chiffre d'affaires pouvant atteindre 5% en 2016, en raison des difficultés des marchés russe et brésilien mais aussi des répercussions sur ses ventes du scandale du diesel.

En 2015, ses recettes ont progressé de plus de 5%, à 213 milliards d'euros (303 milliards $ CAN) environ, malgré une baisse des livraisons de 2%.

Acculé, le groupe avait reconnu en septembre avoir équipé le moteur d'environ 11 millions de véhicules diesel d'un logiciel truqueur pour les faire passer, au moment des tests de contrôle, pour moins polluants qu'ils ne sont en réalité.

Cette affaire a fait tâche d'huile. Quelque 630 000 voitures diesel allemandes vont être rappelées et le français Renault est épinglé après des irrégularités sur les émissions polluantes révélées par une enquête allemande qui a suivi l'éclatement du scandale.