La fin de l'hiver s'annonce difficile pour Transat A.T., qui continue de souffrir des effets de la faiblesse du huard, de l'épidémie du virus Zika ainsi que de la menace de grève de ses pilotes, et ce, même s'il n'y a pas eu d'arrêt de travail.

Malgré la baisse du prix du brut, la dégringolade du dollar canadien a représenté des coûts supplémentaires d'environ 150 millions au cours des trois derniers hivers pour le voyagiste québécois.

Cela s'est traduit par une augmentation d'environ 70 $ par personne dans le coût des forfaits vers les destinations soleil, a indiqué jeudi la direction de l'entreprise, qui rencontrait ses actionnaires à l'occasion de son assemblée annuelle, à Montréal.

«Le dollar (canadien) continue de glisser, a expliqué son président et chef de la direction, Jean-Marc Eustache, en point de presse. Peut-être, possiblement, on aurait un deuxième trimestre qui pourrait être inférieur à celui de l'an dernier.»

En plus, la société a constaté un ralentissement de la demande en raison des craintes à l'égard du virus Zika et de la menace de débrayage des pilotes d'Air Transat, évitée de justesse grâce à la conclusion d'une entente de principe à la veille de la semaine de relâche.

Certains jours, des reculs atteignant 30 pour cent ont été constatés au chapitre des ventes, a indiqué le chef de la direction financière de Transat A.T., Denis Pétrin.

«Dès le moment où tout est devenu très médiatisé, nous avons vu nos ventes fléchir, a-t-il dit. Pour remplir les avions, il a fallu s'ajuster au niveau des prix et les marges ont été affectées.»

Au premier trimestre, qui comprend le temps des Fêtes, Transat A.T. a perdu 61,2 millions, ou 1,64 $ par action, même si ses revenus ont progressé de 7,4 %, s'établissant à 846,9 millions.

Cela a fait plonger l'action de 20 % en début de séance à la Bourse de Toronto. En après-midi, elle se négociait à 7,72 $, en baisse de 3,86 %, ou 31 cents.

Abstraction faite des éléments non récurrents, la société a affiché une perte ajustée de 37,3 millions, ou 1 $ par action, comparativement à 32,4 millions, ou 84 cents par action, l'an dernier.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient sur une perte ajustée par action de 82 cents et sur des revenus de 846,9 millions.

Optimiste pour l'été

M. Eustache s'attend à une certaine reprise à l'été, même si l'entreprise a pour l'instant vendu 30 % de ses sièges à destination de l'Europe et que la concurrence s'annonce encore plus vive.

Dès le début mai, WestJet viendra rivaliser avec Transat A.T. en offrant des vols à destination de l'aéroport londonien de Gatwick depuis Toronto et l'Ouest du pays. Air Canada Rouge emboîtera également le pas au cours de l'été.

«Londres va être une destination beaucoup plus difficile cette année», a concédé M. Eustache, rappelant qu'Air Canada assurait déjà la liaison vers l'aéroport de Heathrow.

Celui-ci a estimé qu'il était trop tôt pour évaluer l'incidence de cette concurrence sur les activités de Transat A.T., rappelant au passage que l'entreprise desservait cette destination depuis plus de 30 ans.

À terme, le voyagiste compte améliorer sa performance en continuant de réduire ses coûts ainsi qu'en bonifiant son offre hôtelière au Mexique ainsi que dans les Antilles.

La vente potentielle de ses filiales voyagistes en France et en Grèce pourrait servir à acquérir des réseaux de distribution aux États-Unis afin d'être en mesure de vendre suffisamment de forfaits vers des destinations soleil tout au long de l'année.

Cela permettrait à Transat A.T. d'obtenir de meilleurs prix et certaines exclusivités, selon M. Eustache.

D'après l'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, la société pourrait récolter au moins 50 millions en se délestant de ses filiales voyagistes en France ainsi qu'en Grèce.

Par ailleurs, la direction de Transat A.T. a assuré que l'entreprise n'avait jamais profité de ses trois filiales incorporées à la Barbade - un paradis fiscal - pour se soustraire aux autorités fiscales canadiennes.

Le chef de la direction financière a toutefois concédé que cela permettait de faire diminuer «globalement» la facture d'impôts du voyagiste.

«Tant que c'est légal, j'ai le droit de le faire, a tranché M. Eustache. Le jour où les gouvernements changeront les lois, on s'adaptera.»