En plus de l'augmentation du prix des denrées, les consommateurs canadiens devront payer un peu plus pour se procurer certains produits du plus grand transformateur laitier au pays.

Saputo a l'intention de leur refiler en entier la hausse de 2 % annoncée en décembre dernier par la Commission canadienne du lait qui est entrée en vigueur lundi.

«Dans tous les produits où l'on utilise le lait comme matière première, il va y avoir des augmentations», a dit jeudi le président et chef de la direction de l'entreprise, Lino Saputo Jr, au cours d'un entretien téléphonique, en marge de la divulgation des résultats du troisième trimestre.

Selon lui, la hausse décrétée par la Commission fait grimper le prix du lait à la ferme d'environ quatre cents le litre, une augmentation qui est «très difficile» à absorber étant donné que les marges sont déjà considérablement sous pression.

Le grand patron de l'entreprise établie à Montréal a rappelé que cette augmentation avait des répercussions significatives pour les transformateurs, puisque la matière première - le lait - représente 85 % des coûts de fabrication pour plusieurs produits.

«Nous négocions actuellement avec nos clients, a expliqué M. Saputo. Je pense que c'est au début du mois de mars que l'impact sera visible sur les tablettes.»

Si certains concurrents décident d'absorber l'augmentation de la Commission afin de gagner des parts de marché, le dirigeant de Saputo s'attend à ce que la hausse des prix soit généralisée.

«Cette augmentation est due à notre système de gestion de l'offre et de la demande, a-t-il expliqué. La Commission fait l'évaluation des coûts qui augmentent à la ferme.»

Dans un rapport publié récemment, le Food Institute de l'Université de Guelph en Ontario disait s'attendre à ce que l'augmentation du panier d'épicerie oscille entre deux et quatre % cette année au pays.

Au total, cela pourrait se traduire par des dépenses supplémentaires moyennes de 345 $ pour les ménages canadiens.

Au-delà des attentes

Aidé par la vigueur du dollar américain, Saputo a vu ses profits et revenus croître au troisième trimestre, ce qui a permis à l'entreprise de dépasser les attentes des analystes.

Le transformateur laitier - qui publie ses résultats en dollars canadiens - a ainsi engrangé des profits de 175,2 millions $, ou 44 cents par action, en progression de 13,3 % par rapport à l'an dernier.

Ses recettes ont légèrement progressé de 2,8 %, à 2,9 milliards $, alors qu'elles avaient été de 2,82 milliards $ lors du troisième trimestre de l'exercice précédent.

«Je suis très satisfait de notre performance, a dit M. Saputo. Ces résultats démontrent clairement que nous sommes capables de nous adapter aux vents de face afin de continuer à croître.»

Sur une base ajustée, son bénéfice s'est établi à 175,4 millions $, ou 44 cents par action, en progression de 13,5 %, alors que le bénéfice d'exploitation ajusté a bondi de 15 %, à 320,4 millions $.

La faiblesse du huard a eu une incidence positive de 261 millions $ sur les revenus et de 29 millions $ sur le bénéfice d'exploitation ajusté.

Cette performance a dépassé les attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur un chiffre d'affaires de 2,66 milliards $ ainsi qu'un profit ajusté par action de 38 cents.

Dans une note d'analyse, Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, a souligné que malgré des conditions plus difficiles dans certains marchés, Saputo était capable de contrôler les choses qui peuvent l'être, comme les coûts.

Au Canada, Saputo a dégagé des revenus de 992,8 millions $, en baisse de 1,3 %. Au sud de la frontière, ils ont progressé de 12,9 %, à 1,57 milliard $, alors qu'à l'international, les recettes ont été de 333 millions $, en baisse de 21 %.

À la Bourse de Toronto, l'action de la société a clôturé à 35,18 $, en hausse de 1,05 $ ou 3 %.