L'enseigne Wal-Mart (WMT) a quelque peu rassuré mardi Wall Street, inquiet de la santé de la distribution avant la période cruciale des fêtes, en ajustant son objectif annuel après un solide troisième trimestre marqué par une hausse de la fréquentation dans ses magasins.

En octobre, le groupe américain, numéro un mondial de la distribution, avait jeté un froid en annonçant que ses bénéfices allaient reculer de 6 à 12% en 2016 - exercice fiscal 2017 - en raison des investissements dans le commerce en ligne pour combler le gros retard pris sur son rival Amazon et d'une augmentation des salaires d'un demi-million de ses salariés visant à améliorer le service client.

Quelque 21,5 milliards de dollars de capitalisation boursière s'étaient évaporés en une séance, soit la plus mauvaise séance de Wal-Mart en 27 ans.

Se préparant au pire, les investisseurs ont été agréablement surpris mardi d'apprendre que Wal-Mart relevait son principal objectif financier annuel juste avant la période cruciale des achats de fêtes de fin d'année.

Le bénéfice ajusté par action, référence en Amérique du Nord, devrait être compris entre 4,50 et 4,65 dollars, contre une fourchette de 4,40 et 4,70 dollars auparavant, lors de l'exercice fiscal en cours clôturant fin janvier. Les analystes espèrent 4,51 dollars.

Au quatrième trimestre, ce bénéfice devrait s'établir dans une proportion de 1,40 à 1,55 dollar contre 1,43 dollar escompté en moyenne par les marchés.

Wal-Mart s'est refusé à dire au cours d'une conférence téléphonique avec des journalistes si cet optimisme était dû à des pré-commandes positives pour les fêtes, se contentant d'indiquer que les choses s'annonçaient bien.

La performance du troisième trimestre comprend des signes d'encouragement: les ventes à magasins comparables aux États-Unis, qui représentent près de 75% des revenus, ont augmenté de 1,5% contre 1,4%, grâce aux boutiques de proximité (+8%).

Les consommateurs américains, attirés par des promotions, sont revenus en nombre dans les magasins Wal-Mart, qui ont enregistré une hausse de 1,7% de leur fréquentation au troisième trimestre.

Greg Foran, le patron de Wal-Mart aux États-Unis, assure que le groupe est dans une «bonne dynamique», avec notamment une diminution des invendus.

A Wall Street, le titre Wal-Mart prenait plus de 3% en début d'échanges, tirant un secteur de la distribution plombé récemment par les résultats de Macy's, Gap et Best Buy entre autres.

Amazon plus gros en Bourse

L'enseigne, considérée comme un des baromètres de la consommation aux États-Unis, est confrontée au défi de convaincre un grand nombre de ménages américains, encore réticents à dépenser dans ses magasins malgré une amélioration de la conjoncture économique.

Le bénéfice net a plongé de 11% à 3,30 milliards de dollars lors des trois mois achevés fin octobre et correspondant au troisième trimestre de son exercice fiscal 2015/16. Mais ce résultat s'est traduit par un bénéfice ajusté par action de 1,03 dollar contre 98 cents attendus en moyenne par les analystes.

Le chiffre d'affaires trimestriel a reculé de 1,34% à 117,41 milliards de dollars, affecté par des effets de change défavorables et de faibles ventes internationales notamment au Brésil.

Wal-Mart a aussi accusé une hausse de ses coûts, du fait de la revalorisation salariale, qui devrait peser pour 1,2 milliard de dollars dans ses comptes cette année.

Pour chasser sur les terres d'Amazon, le groupe familial, présent dans près d'une trentaine de pays à travers le monde et propriétaire de 11 554 magasins, prévoit d'investir 1,1 milliard de dollars l'an prochain pour muscler sa boutique en ligne.

Wal-Mart entend notamment étoffer son nouveau service de livraison illimité (50 dollars par an) pour mieux concurrencer Prime (Amazon, 99 dollars) et a fait récemment une demande auprès des autorités américaines pour pouvoir tester l'utilisation de drones, entre autres pour surveiller ses entrepôts ou réaliser des livraisons.

Le groupe de Bentonville (Arkansas, sud) a toutefois un véritable handicap face à son rival: il doit composer avec les coûts fixes attachés à la possession de magasins physiques.

Conséquence de ce bras de fer inégal: Amazon dont les bénéfices sont maigres pèse un peu plus de 300 milliards de dollars en Bourse contre 185 milliards seulement à Wal-Mart qui dégage pourtant de gros profits.