Air France-KLM a vu son bénéfice s'envoler au troisième trimestre, en raison notamment de la grève qui avait plombé ses comptes l'an dernier, mais table sur une réduction moins forte que prévue de son coût par passager cette année.

Le groupe aérien a enregistré un bénéfice net trimestriel de 480 millions d'euros, contre 86 millions un an plus tôt, a-t-il précisé dans un communiqué.

Le PDG Alexandre de Juniac a salué dans ce communiqué l'amélioration des résultats de l'entreprise, mais estime qu'elle «ne permet cependant ni de combler le différentiel de compétitivité avec ses concurrents ni de disposer des moyens de financer la croissance du groupe», en plein bras de fer social au sein d'Air France.

Hors impact de la grève de l'an dernier, le résultat d'exploitation du groupe ressort à 898 millions d'euros au troisième trimestre, en hausse de 321 millions d'euros, tandis que le chiffre d'affaires augmente de 4,2%, à 7,2 milliards.

Les chiffres du troisième trimestre 2014 avaient été affectés par une grève fortement suivie des pilotes, dont l'impact a été évalué à 330 millions d'euros sur le résultat d'exploitation.

Malgré cette amélioration spectaculaire, le groupe souligne que «le déséquilibre entre l'offre et la demande se poursuit sur plusieurs marchés importants, se traduisant par une pression durable sur les recettes unitaires».

«En raison de la révision à la baisse de la croissance des capacités sur le quatrième trimestre, du retard pris dans l'application des dernières mesures du plan Transform 2015 et de l'absence de contribution significative des nouvelles mesures Perform 2020 chez Air France», le groupe indique avoir révisé son objectif de baisse du coût par passager en 2015.

Cette baisse est désormais prévue «entre 0,5% et 0,7%», contre un objectif précédent de 1 à 1,3%.

Outre l'effet lié à la grève de l'an dernier, M. de Juniac a lié le redressement des résultats à «un environnement favorable, principalement marqué par la baisse du prix du carburant et par une forte demande à l'été».

«Ces facteurs conjoncturels viennent s'ajouter aux effets positifs du plan Transform 2015 engagé depuis 2012», a-t-il observé, prévenant que pour «trouver une croissance rentable dans un environnement concurrentiel», la «mise en oeuvre du plan Perform 2020 est donc indispensable car la baisse des coûts unitaires est le principal levier dont Air France-KLM dispose».

La direction avait engagé en 2012 le plan Transform 2015 qui a permis un retour à l'équilibre d'exploitation en 2014. Quelque 5.500 postes ont été supprimés.

De nouvelles mesures ont été proposées dans le cadre d'un plan de productivité et de croissance «Transform 2020» avec pour objectif d'atteindre, à l'horizon 2017, plus de 700 millions d'euros de résultat d'exploitation, une baisse de 8,5% des coûts unitaires et une rentabilité pour 80% des lignes long-courriers contre 50% actuellement.

Mais les négociations ont rapidement achoppé notamment sur la question de l'augmentation du nombre annuel d'heures de vol des pilotes pour un salaire égal.

Faute d'accord, la compagnie a présenté le 5 octobre un plan de restructuration sur 2016 et 2017, dit «plan B», avec une réduction de 10% de l'offre long-courrier menaçant au total 2.900 postes (300 emplois de pilotes, 900 d'hôtesses et stewards, 1700 au sol) dont un nombre indéterminé de départs contraints.

Il sera appliqué pour 2016 avec le retrait de cinq avions de la flotte et la suppression de 1000 emplois par la voie de départs volontaires.

La direction dit vouloir poursuivre le dialogue jusqu'à début 2016 pour revenir au plan «Perform» et ainsi éviter les départs contraints en 2017.