Le géant BP (BP) va encore réduire ses investissements et céder davantage d'activités, afin de faire face aux faibles cours du pétrole qui ont réduit quasi à néant son bénéfice net au troisième trimestre.

Le groupe britannique a expliqué mardi qu'il allait devoir aller plus loin pour s'adapter au nouvel environnement des tarifs pétroliers, nettement plus faibles qu'il y a 18 mois lorsque le baril de Brent dépassait la barre des 100 dollars.

Les deux barils de référence des marchés, le Brent de la mer du Nord et le WTI américain, évoluent actuellement sous les 50 dollars et BP espère qu'ils pourront remonter aux alentours de 60 dollars d'ici à 2017, mais pas bien davantage.

«Nous agissons pour rééquilibrer nos finances dans ce nouvel environnement tarifaire», a résumé le directeur général du groupe, Bob Dudley, cité dans un communiqué.

BP prévoit en conséquence de n'investir que 19 milliards de dollars en 2015 - contre de 24 à 26 milliards prévus pour 2015 l'an passé et 20 milliards il y a encore trois mois -, puis de 17 à 19 milliards lors de chacune des deux années suivantes.

BP prévoit aussi de poursuivre ses cessions d'activités, dont il espère tirer quelque 10 milliards de dollars d'ici à la fin de l'année, avec de 3 à 5 milliards de cessions attendues en 2016, puis de 2 à 3 milliards par an par la suite.

«Perspectives positives»

Au troisième trimestre, la chute des cours du brut a entraîné un effacement quasi pur et simple du bénéfice net du groupe, à 46 millions de dollars contre 1,290 milliard de dollars l'an passé à la même époque, malgré les effets bénéfiques tirés des réductions de coûts.

La major pétrolière a expliqué que son bénéfice ajusté avant impôt dans l'amont (exploration et production) avait été divisé par cinq sur un an, à 800 millions de dollars, à cause de la chute des cours du pétrole et du gaz.

Cette chute n'a pu être compensée par une amélioration de plus de 50% du bénéfice ajusté avant impôt dans l'aval (raffinage et distribution), à 2,3 milliards de dollars, favorisé notamment par de meilleures marges dans le raffinage.

Le groupe a fait état sinon d'une amélioration des rentrées tirées de sa part d'environ 19% dans son partenaire russe Rosneft, à 382 millions de dollars.

BP a expliqué par ailleurs avoir enregistré au troisième trimestre une nouvelle charge de 426 millions de dollars liée aux indemnisations pour la marée noire de 2010 dans le golfe du Mexique qui avait entraîné une pollution sans précédent du littoral dans le sud-est des États-Unis. Cette nouvelle provision porte à 55 milliards de dollars le coût total de cette catastrophe pour le groupe britannique.

Le 20 avril 2010, l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon exploitée par BP dans le golfe du Mexique avait fait 11 morts et affecté les cruciales industries touristiques et de la pêche de la région.

«Les dépenses d'investissement sont encore comprimées, reflet du niveau des cours du brut qui pèse négativement sur les profits», a expliqué Richard Hunter, de Hargreaves Lansdown Stockbrokers.

Cet analyste a ajouté néanmoins que BP s'employait «à vivre en fonction de ses moyens». «Les marges de raffinage sont meilleures que prévu, l'entreprise continue de générer des liquidités et les coûts sont réduits de façon volontariste face à la conjoncture difficile. Les perspectives à long terme du groupe demeurent positives malgré quelques obstacles à franchir», a-t-il jugé.

L'action BP grimpait de 1,46% à 390 pence à la Bourse de Londres, où l'indice FTSE-100 perdait 0,47%.