Le groupe informatique américain IBM a encore déçu lundi en annonçant un nouveau recul de 14 % de son chiffre d'affaires au troisième trimestre et l'abaissement de sa prévision annuelle, une situation qui pose des questions sur sa capacité à s'adapter aux changements du secteur.

C'est le quatorzième trimestre consécutif de baisse pour le chiffre d'affaires, qui ressort en outre en dessous des attentes, à 19,3 milliards de dollars contre 19,6 milliards espérés en moyenne par les analystes.

Cette tendance est due en partie à une évolution défavorable des taux de change, mais aussi à la stratégie de la patronne du groupe, Ginni Rometty, qui s'est séparée de plusieurs activités jugées pas assez rentables pour investir davantage dans des créneaux promettant des marges plus élevées comme les services aux entreprises et dématérialisés en ligne (nuage), ou l'analytique avec une montée en puissance de son système d'intelligence artificielle Watson par exemple.

IBM affirme lundi que ces activités dites « stratégiques » ont affiché ce trimestre un chiffre d'affaires global en hausse de 17 %. Les seules activités du nuage enregistrent même une croissance de plus de 45 % depuis le début d'année, et un chiffre d'affaires de 9,4 milliards de dollars sur les douze derniers mois.

Cela n'a toutefois pas empêché le groupe de revoir à la baisse sa prévision de bénéfice annuel.

Le résultat par action hors éléments exceptionnels, qui sert de référence à Wall Street, devrait ainsi ressortir entre 14,75 et 15,75 dollars, a prévenu lundi IBM. Le groupe visait encore 15,75 à 16,50 dollars il y a trois mois, tandis que les analystes espéraient jusqu'ici en moyenne 15,68 dollars.

Bonne stratégie? 

Au troisième trimestre, le bénéfice par action a dépassé de 4 cents la prévision des analystes, à 3,34 dollars.

Le bénéfice net trimestriel a atteint pour sa part 2,95 milliards de dollars, contre seulement 18 millions sur la même période de 2014, où il avait été plombé par une charge exceptionnelle de plusieurs milliards liée à la cession des usines de puces déficitaires du groupe. En tenant compte uniquement des activités conservées par le groupe, le bénéfice net accuse une baisse de 14 %.

Dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York, l'action IBM perdait presque 5 % vers 18 h 45.

Le site d'analyse 247wallst.com voyait dans ces résultats « une raison de plus pour remplacer la patronne d'IBM Rometty », estimant qu'ils ne montraient « aucun signe de progrès ».

Mme Rometty a réaffirmé à l'inverse dans le communiqué qu'IBM faisait « des progrès dans la transformation de notre activité vers davantage de valeur », pointant notamment la « forte croissance » des créneaux jugés stratégiques.

« Nous avons la bonne stratégie en aidant nos clients à faire évoluer leurs activités vers le futur », a insisté le directeur financier, Martin Schroeter, lors d'une téléconférence avec des analystes.

« Nous voyons beaucoup d'opportunités » et « allons continuer à investir à un niveau très élevé pour accélérer la transition de notre activité », a-t-il ajouté.

En attendant, le recul du chiffre d'affaires est sensible dans toutes les régions. Il a atteint -10 % sur le continent américain, -16 % pour la zone Europe/Moyen Orient/Afrique, et même -19 % en Asie-Pacifique.

Les importants marchés émergents dits « BRIC » (Brésil, Russie, Inde, Chine) accusent même une chute de 30 %. Elle est toutefois ramenée à -7 % si on exclut les effets de changes et les cessions d'actifs, avec une baisse de -17 % en Chine mais une croissance de plus de 10 % en Inde, a fait valoir M. Schroeter.

Au deuxième trimestre déjà, où le recul global dans les BRIC atteignait 35 % (-18 % hors effets de change et cessions), l'Inde était le seul de ces pays à afficher une progression.

Le carnet de commandes mondial dans les services, très surveillé par les analystes, se montait pour sa part fin septembre à 118 milliards de dollars (contre 122 milliards fin juin).