SNC-Lavalin (T.SNC) a été écorchée en Bourse après avoir déçu les analystes et investisseurs au deuxième trimestre, alors que son secteur des infrastructures a été aux prises avec de coûteux problèmes sur deux importants projets au Canada.

Le titre de la firme d'ingénierie a cédé jusqu'à 10% sur le parquet torontois, jeudi, avant d'effectuer une timide remontée pour finalement clôturer à 40,05$, en recul de 8,42%, ou 3,68$.

SNC-Lavalin a vu ses profits fléchir de 17,6%, à 26,5 millions de dollars, ou 17 cents par action, ce qui ne l'a pas empêchée de maintenir ses prévisions de croissance pour l'exercice en cours.

«Malgré les difficultés occasionnées par le prix des matières premières, nous nous attendons à une bonne fin d'année, particulièrement au quatrième trimestre», a tempéré son président et chef de la direction, Robert Card.

Les activités d'infrastructures ont plongé de 15,7% en raison de conditions de terrains difficiles pour la portion d'un tunnel d'un projet de transport en commun, en plus de dépassements de coûts liés à un projet d'autoroute non identifié.

«Nous sommes maintenant confortables avec ces projets et il n'y a pas de problèmes récurrents», a assuré aux analystes M. Card au cours d'une conférence téléphonique visant à discuter des résultats trimestriels.

En dépit de la baisse marquée du bénéfice net, SNC-Lavalin, qui fait face à des accusations de fraude et de corruption, a réitéré que la fourchette de son bénéfice par action pour l'exercice en cours devrait osciller entre 1,80$ et 2,10$.

Stimulés en grande partie par l'acquisition de la multinationale Kentz l'an dernier, les revenus ont pour leur part bondi de 33%, à 2,25 milliards de dollars.

Sur une base ajustée, en excluant les éléments non récurrents, le bénéfice ajusté s'est établi à 53,2 millions de dollars, ou 34 cents par action, par rapport à 52 millions de dollars, ou 34 cents par action, au deuxième trimestre de 2014.

Ces résultats ont raté les attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur un bénéfice ajusté par action de 48 cents ainsi que des revenus de 2,29 milliards de dollars.

Malgré une performance trimestrielle décevante, Yuri Link, de Cannacord Genuity, ne s'est pas inquiété, réaffirmant dans une note d'analyse son cours cible de 51$ pour l'action de la firme établie à Montréal.

«C'est un autre mauvais trimestre du côté de l'exécution, mais la compagnie a décroché d'importants nouveaux contrats et son bilan financier est solide», écrit l'analyste.

SNC-Lavalin, qui mise sur les importants contrats du nouveau pont Champlain et du projet torontois de ligne de train léger sur rail Eglinton Crosstown, devrait être en mesure de dégager des marges d'au moins sept à 10%.

Questionné par une analyste, le grand patron de SNC-Lavalin a affirmé que ces deux projets ne devraient pas causer de mauvaises surprises similaires à celles ayant plombé ses résultats du deuxième trimestre.

«Nous avons vérifié et revérifié, a assuré M. Card. Il y a toujours des défis, mais nous sommes confortables. Historiquement, ces projets ont généralement été profitables pour notre compagnie.»

En juin dernier, à l'occasion de la pelletée de terre marquant le début officiel des travaux, le gouvernement fédéral avait confirmé que la structure visant à remplacer le pont Champlain coûtera 4,24 milliards de dollars.

Au deuxième trimestre, 2,9 milliards de dollars de contrats ont été inscrits dans le carnet de commandes de SNC-Lavalin, dont la valeur atteint 12,4 milliards de dollars.

M. Card a par ailleurs indiqué qu'il ne voyait rien dans les règles d'approvisionnement qui empêcherait la firme de décrocher le contrat du pont Gordie Howe devant relier Windsor, en Ontario, à Detroit, dont les coûts totaux sont estimés à plus de 2 milliards de dollars.

«Je ne vois pas d'obstacles, a-t-il dit. Nous avons une très bonne relation avec Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et que nous serons en mesure de faire tout ce qui sera exigé.»

D'une largeur de six voies, le pont qui portera le nom de la légende du hockey sera directement relié à l'autoroute 401 et à l'Interstate 75 et devrait être opérationnel en 2020.

Le corridor Windsor-Detroit est le passage commercial terrestre le plus occupé entre le Canada et les États-Unis.