Amazon a agréablement surpris jeudi avec un bénéfice trimestriel inespéré et une accélération de sa croissance, dus en grande partie à ses services dématérialisés en ligne («cloud») qui confirment leur rôle de vache à lait.

Le géant américain de la distribution en ligne est revenu dans le vert au deuxième trimestre avec un bénéfice net de 92 millions de dollars, quand les analystes s'attendaient à une nouvelle perte. Le groupe était dans le rouge à hauteur de 126 millions de dollars sur la même période de 2014, et d'encore 57 millions sur les trois premiers mois de 2015.

Quant au chiffre d'affaires, il a progressé de 20% à 23,18 milliards de dollars, soit presque 1 milliard de plus qu'attendu. Et ce alors même qu'il a été amputé de 1,4 milliard par des effets de change défavorables, sans lesquels la hausse atteindrait 27%.

Ces chiffres ont fait décoller l'action Amazon de 17% dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street.

Si cette tendance se confirme en séance officielle vendredi, le titre pourrait établir un nouveau record historique en clôturant pour la première fois au-dessus du seuil symbolique des 500 dollars, permettant par la même occasion à Amazon de dépasser la capitalisation boursière du numéro un mondial de la distribution, Walmart, dont seulement 9 milliards de dollars le séparait à la clôture de jeudi.

Merci le cloud

L'un des moteurs des performances de ce trimestre, c'est la division de cloud AWS, qui recouvre notamment les activités d'hébergement de sites tiers sur les serveurs d'Amazon.

Le groupe a commencé seulement cette année à donner des détails sur les résultats d'AWS, et jusqu'ici ils semblent justifier les lourds investissements réalisés dans cette activité. Le chiffre d'affaires a bondi de 81% à 1,8 milliard de dollars ce trimestre, une accélération après déjà +49% sur les trois premiers mois de l'année.

Cerise sur le gâteau, la division est bien plus rentable que le reste du groupe, avec une marge opérationnelle de 21,4%.

À titre de comparaison, les activités historiques de commerce affichent une marge de seulement 5,1% en Amérique du Nord, pour un chiffre d'affaires en hausse de 25% à 13,8 milliards de dollars, et à l'international elles sont même déficitaires.

«Noël en juillet»

Il n'y a pas que dans le cloud qu'Amazon fait de gros investissements. Il dépense aussi énormément pour muscler son abonnement «Prime» qui, pour la vidéo en particulier, se pose de plus en plus aux États-Unis en concurrent du service de vidéo en ligne Netflix. Comme lui, Amazon produit des séries originales telles «Transparent», en course dans 11 catégories pour les Emmy Awards, prestigieuses récompenses de la télévision américaine.

La vidéo est un produit d'appel: Brian Olsavsky, le nouveau directeur financier d'Amazon, a souligné lors d'une téléconférence avec des analystes que les clients qui regardaient ces vidéos avaient davantage tendance que les autres à prolonger leur abonnement à Prime ou à le renouveler l'année suivante.

Et Prime, qui permet de se faire livrer gratuitement, alimente la croissance des ventes sur les sites de commerce, a-t-il rappelé.

Quelle proportion des 285 millions de clients d'Amazon dans le monde sont abonnés? Le groupe lui-même entretient le mystère, se contentant généralement d'évoquer «des dizaines de millions».

Mais la société de recherche CIRP les évaluait à 41 millions fin mars aux seuls États-Unis, en soulignant qu'ils avaient tendance à dépenser beaucoup plus sur Amazon, 1100 dollars par an en moyenne contre 700 dollars pour les autres clients.

Amazon vient même de créer de toutes pièces un jour spécial de promotions baptisé «Prime Day». Sa première édition la semaine dernière a dépassé toutes les attentes: «franchement, c'était un Noël en juillet», a commenté Brian Olsavsky.

Il dit en avoir tenu compte dans ses prévisions pour le trimestre en cours: il vise un chiffre d'affaires total de 23,3 à 25,5 milliards de dollars, une prévision selon lui «prudente», mais plus optimiste que les 23,9 milliards attendus en moyenne jusqu'ici par les analystes.

Le résultat d'exploitation devrait pour sa part être compris entre une perte de 480 millions de dollars et un bénéfice de 70 millions.