La chaîne de pharmacies Jean Coutu a estimé mardi que les nouvelles règles qui seront bientôt imposées aux pharmacies québécoises nuiraient à ses résultats financiers et entraîneraient une certaine confusion chez les patients.

Québec aurait l'intention d'éliminer le plafond de 15% sur les allocations professionnelles versées aux pharmaciens par les fabricants de médicaments génériques, ce qui permettrait aux pharmacies de négocier de meilleurs taux.

Cette décision, qui doit toujours être ratifiée par le gouvernement, vise à atténuer l'impact d'une réduction des honoraires des pharmaciens de 177 millions de dollars par année imposée par la province, soit l'équivalent d'environ 100 000$ par pharmacie.

Jean Coutu [[|ticker sym='T.PJC.A'|]] a indiqué à ses actionnaires, réunis mardi dans le cadre de leur assemblée annuelle, que ces changements nuiraient à sa filiale de médicaments génériques Pro Doc et à ses résultats financiers d'ensemble. Cependant, le détaillant refuse d'évaluer l'ampleur potentielle des changements avant que les détails d'une entente entre le gouvernement et l'association représentant les pharmaciens propriétaires ne soient dévoilés.

Depuis que les médicaments génériques, moins dispendieux pour les patients représentent 69% de tous les médicaments d'ordonnance vendus, Pro Doc est devenu une source de croissance pour les profits de l'entreprise.

Le chef de la direction de la chaîne de pharmacie, François Coutu, croit qu'il est trop tôt pour dire si la croissance soutenue que connaît Jean Coutu depuis 2008 prendra fin, alors que les pharmaciens tentent d'obtenir la meilleure entente possible pour eux.

«Chez Pro Doc, nous allons tenter d'être concurrentiels, en espérant que les gens vont demeurer fidèles», a-t-il déclaré aux journalistes après l'assemblée annuelle.

L'analyste Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, estime que chaque augmentation d'un point de pourcentage des allocations professionnelles réduirait le bénéfice d'ensemble de la société de 1 cent par action.

Le président du conseil et fondateur du détaillant, Jean Coutu, a pour sa part estimé que les changements engendreraient de la confusion chez les patients.

Même si tous les médicaments génériques sont essentiellement les mêmes que ceux qu'ils imitent, il a estimé qu'il serait difficile pour les pharmaciens d'expliquer qu'ils changent la médication d'un patient parce que cela est «plus payant» pour lui.

«Lorsque quelqu'un est malade, il est très méfiant par rapport à ce qu'on lui donne. C'est très normal», a-t-il noté.

D'autre part, la société ne s'explique pas pourquoi l'Ordre des pharmaciens du Québec refuse de commenter au sujet de l'entente qui doit toujours être entérinée par le gouvernement provincial.

«Ils sont là pour assurer la santé publique et la sécurité du public. C'est à eux à répondre», a affirmé François Coutu.

Lorsqu'il a été imposé en 2008, le plafond sur les allocations professionnelles était fixé à 20%. Il visait à compenser le déclin des prix que la province était prête à payer pour les médicaments génériques. Les prix des génériques sont depuis passés de 54% du coût du médicament d'origine à 25%, puis à 18% pour les préparations à grands volumes.

Les allocations professionnelles varient d'une province à l'autre. En Ontario, elles ne sont pas autorisées, mais la province a récemment permis aux pharmacies de commencer à percevoir un frais d'exécution de 1 $ par ordonnance.

Par ailleurs, le Groupe Jean Coutu a affiché mardi un bénéfice net en baisse de 6,5% à 50,6 millions de dollars pour son premier trimestre. Ce recul était attribuable à une provision fiscale de 4,7 millions $ en lien avec une décision du plus haut tribunal du Québec. La société veut obtenir la permission de porter cette décision en appel devant la Cour suprême du Canada.

Les revenus pour la période de 13 semaines terminée le 30 mai ont progressé de 3,5% par rapport à l'an dernier, atteignant 712,4 millions $. Les ventes des pharmacies ouvertes depuis au moins un an ont quant à elles avancé de 4,4%.

L'action de Jean Coutu a retraité mardi de 1,13 $, soit 5,1%, à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 21,17 $.