Présente au Mexique depuis près de 15 ans où elle exploite des usines, BRP (t.doo)  veut repositionner ses installations de Valcourt, en Estrie, où se trouve son siège social, pour assurer la pérennité de plus de 3000 emplois.

En marge de l'assemblée annuelle du constructeur des véhicules récréatifs Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am, jeudi, son président et chef de la direction, José Boisjoli, a expliqué qu'une «réflexion» était en cours.

«Nous discutons avec l'équipe et les employés sont impliqués pour changer la vocation de Valcourt en implantant par exemple de nouvelles technologies à l'interne qui vont assurer la transformation», a-t-il dit en entrevue téléphonique.

L'usine de Valcourt compte quelque 1500 employés alors que 1500 autres se trouvent dans les bureaux du siège social, qui comprend entre autres les activités d'ingénierie ainsi que les services techniques.

Dans l'espoir de réduire la pression sur ses marges, BRP a mis le pied au Mexique en 2001, alors qu'en 2013, la société a inauguré ses installations de Querétaro.

La percée mexicaine de BRP avait eu des répercussions au Québec, puisque l'entreprise avait annoncé, en 2012, le déplacement d'une partie de sa production de motomarines dans ce pays, ce qui avait touché 500 emplois.

«Nos concurrents ont des usines partout à travers le monde et il n'y en a pas un qui n'a pas une usine dans un pays où les coûts sont plus faibles (comme le Mexique), a rappelé M. Boisjoli. Pour nos cycles plus matures, comme Rotax (une entreprise autrichienne spécialisée dans les moteurs), achetée dans les années 1970, et Valcourt, nous sommes en train de changer les vocations.»

En Autriche, la fabrication représente maintenant 70% des activités, par rapport à 30% pour l'assemblage, alors que c'était l'inverse il y a quelques années, a expliqué le patron de BRP.

Questionné sur ses plans quant à Valcourt, M. Boisjoli n'a pas voulu fournir de cibles ou de détails, précisant qu'il serait en mesure d'en dire davantage «d'ici la fin de l'année».

«Le coeur de l'ingénierie pour nos véhicules, c'est ici, a-t-il toutefois rappelé. C'est une transformation qui se fait pour demeurer concurrentiel niveau mondial.»

M. Boisjoli croit par ailleurs que le rappel récent de quelque 7000 véhicules Can-Am Spyder, principalement au Canada et aux États-Unis, en raison de problèmes pouvant déclencher des incendies, n'aurait pas d'impact négatif sur l'entreprise.

Une enquête des autorités américaines avait recensé deux incidents - qui n'ont pas fait de blessé - survenus en Virginie et en Californie où des Sypder ont pris feu.

«C'était un changement technique qui occasionnait un problème en roulant dans des endroits très chauds, à basse vitesse, pendant longtemps», a précisé le dirigeant de la société.

Selon lui, les clients de BRP vont se réjouir de voir la société «prendre ses responsabilités» et procéder rapidement à des rappels, plutôt que de «prendre des chances» en restant les bras croisés.

Au premier trimestre, la société a surpassé les attentes en dévoilant des profits ainsi qu'un chiffre d'affaires en hausse grâce à la progression des ventes de produits saisonniers comme les motomarines.

Ses profits ont bondi de 196 pour cent pour s'établir à 83,1 millions, ou 70 cents par action, alors que les recettes ont crû de 18,4%, à 898,1 millions.

Le bénéfice normalisé a quant à lui grimpé de 124%, à 37,2 millions, ou 31 cents par action, surpassant de 16 cents par action les attentes des analystes sondés par Thomson Reuters.

«L'an dernier, les motomarines Spark ont été en rupture de stock chez plusieurs concessionnaires, a observé M. Boisjoli. Nous avons augmenté la production pour éviter que cela se reproduise.»

Grâce à l'optimisation de ses installations mexicaines et l'ajout possible de nouveaux produits en 2016, BRP devrait être en mesure de continuer à gagner des parts de marchés, a estimé l'analyste de Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, dans une note de recherche.

L'action de BRP a gagné jeudi 51 cents à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 27,54 $.