Après l'Amérique du Nord au cours de la dernière décennie, c'est maintenant vers la France que se tourne Boralex (T.BLX) afin d'asseoir sa croissance.

Le président et chef de la direction de l'entreprise québécoise, Patrick Lemaire, a bien l'intention de profiter des ambitions du gouvernement français dans le secteur éolien.

«Ils visent autour de 20 000 mégawatts (MW) d'ici 2020, a-t-il expliqué après l'assemblée annuelle de l'entreprise, mercredi. On sait qu'ils n'atteindront pas cette cible, parce qu'ils sont actuellement autour de 8000 MW actuellement.»

Au cours d'un entretien téléphonique, il a ajouté que la France - qui représente 50 % des activités de Boralex - a élargi sa cible et qu'elle souhaite maintenant ajouter 25 000 MW d'énergie éolienne d'ici 2030.

L'importance du secteur éolien a progressivement augmenté dans l'Hexagone. En 2014, il représentait un peu plus de trois % de la production totale d'électricité, par rapport à 2,9 % en 2013.

C'est également dans ce pays que la société québécoise a réalisé sa plus importante acquisition, en mettant la main, en décembre dernier, sur Enel Green Power France, pour 400 millions de dollars.

Même si Boralex est devenu le troisième plus important producteur indépendant d'énergie éolienne en France, M. Lemaire a rappelé que l'entreprise n'avait pas l'intention de délaisser ses activités canadiennes.

«Nous voulons être le cinquième producteur d'énergie renouvelable au Canada, a-t-il dit. Mais nous avons aussi un axe de croissance en France.»

Soulignant que d'importants projets d'énergie éolienne avaient été déployés au Québec ainsi qu'en Amérique du Nord, M. Lemaire a souligné qu'ils avaient, pour la plupart, été complétés, ce qui rend la croissance plus difficile.

«Dans le milieu des années 2000, on avait annoncé au Québec 4000 MW, a analysé le patron de Boralex. Ils sont maintenant terminés. Nous vivons aussi dans une période de surplus d'énergie et d'économie incertaine.»

Au Québec, l'entreprise exploite entre autres les parcs éoliens de la Seigneurie de Beaupré, dans la région de la Capitale-Nationale. Elle possède également des activités dans les secteurs des centrales hydroélectriques et des centrales thermiques.

Boralex - qui emploie environ 250 personnes - a également dévoilé ses résultats pour le premier trimestre terminé le 31 mars, où son bénéfice net a fléchi de 17,5 %, à 6,6 millions $, ou 14 cents par action.

Ce recul a été attribué à une variation défavorable de 3,5 millions $ des pertes sur instruments financiers ainsi qu'à des frais d'acquisition.

Sur une base ajustée, en excluant les éléments non récurrents, ses profits ont bondi de 26,6 %, à 10 millions $, ou 21 cents par action, un résultat qui reflète notamment l'acquisition d'Enel.

Le bénéfice d'exploitation ajusté a quant à lui affiché une progression de 21,2 %, à 62,8 millions $.

Boralex a ainsi répondu aux attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur un profit ajusté par action de 20 cents ainsi qu'un bénéfice d'exploitation ajusté de 60,7 millions $.

«Nous nous attendons à une croissance marquée à la fois en 2015 ainsi qu'en 2016», a souligné l'analyste Bill Cabel, de Desjardins Marchés des capitaux.

Les produits tirés de la vente d'énergie de Boralex se sont chiffrés à 91,2 millions $, après avoir été de 75,5 millions $ un an plus tôt.

M. Lemaire a également expliqué que la prochaine année servira à intégrer Enel Green Power France, ce qui devrait permettre des synergies de «quelques millions» de dollars. Pour le moment, une autre acquisition d'envergure ne semble pas dans les plans, a laissé entendre le dirigeant de Boralex.