Sony a certes fini dans le rouge vif au cours du dernier exercice, mais la perte a été moindre que craint à mi-parcours, et le géant japonais de l'électronique affiche un optimisme prudent pour l'année en cours.

Le fleuron nippon de l'audiovisuel grand public, dont la situation était récemment aux antipodes de celle de son «éternel rival» Panasonic, redevenu très performant, espère cette fois en avoir fini avec les restructurations qui lui ont coûté très cher.

«La majeure partie (des efforts) est terminée», a assuré le directeur financier Kenichiro Yoshida lors d'une conférence de presse où a à peine été mentionné le scandale de piratage de sa filiale de cinéma aux États-Unis.

Après un résultat net négatif de 126 milliards de yens (1,28 milliard de dollars CAN) en 2014/2015, aussi mauvais qu'en 2013/2014 mais moins catastrophique que prévu, Sony pense dégager cette année comptable un gain net de 140 milliards de yens grâce à une rentabilité recouvrée.

Le groupe fondé par le légendaire Akio Morita escompte en effet un bénéfice d'exploitation de 320 milliards de yens, près de cinq fois supérieur à celui de l'exercice écoulé (68,5 milliards). Et ce, même si son chiffre d'affaires risque de décliner de 3,8% à 7900 milliards de yens (après une hausse de 5,8% à 8216 milliards en 2014/2015), selon les prévisions divulguées jeudi.

Sorti du gouffre

Toutefois sans l'impact positif des changes, le chiffre d'affaires aurait stagné, a confié le groupe qui se veut prudent pour l'avenir.

«Nous avons observé ces derniers temps des fluctuations importantes des changes, donc nous considérons cela comme un risque. Nous voudrions éviter de devoir baisser nos prévisions comme cela nous est arrivé à quinze reprises ces sept dernières années», a expliqué M. Yoshida.

Si la multinationale, désormais dirigée par Kazuo Hiraï, n'est pas encore complètement rétablie - l'activité des téléphones et tablettes, responsable de la perte nette de l'an dernier, continue de lui causer des soucis - le mastodonte semble sorti du gouffre dans lequel l'avait précipité la crise financière internationale de 2008/2009.

Cette débâcle, conjuguée à une envolée spectaculaire du yen et un environnement hyper-concurrentiel sur une partie des produits grand public (baladeurs, TV, mobiles, appareils photo, etc.), avait ruiné les efforts précédents.

Le retournement sur le marché des changes depuis fin 2012 lui a donné un coup de main, mais il aurait été de peu d'effet si le groupe n'avait pas parallèlement pris des dispositions drastiques comme la restructuration de l'activité des téléviseurs, redevenus rentables pour la première fois depuis 10 ans.

«Nous avons taillé dans les coûts fixes», a justifié M. Yoshida.

Sony est désormais plus sélectif: au lieu de tenter de grappiller des parts de marché à tout prix, le groupe privilégie les ventes de modèles de TV qui génèrent des marges, c'est-à-dire le segment plutôt haut de gamme au standard de très haute définition dit 4K.

PS4 et Cmos en locomotives

En outre, il table sur la poursuite des solides performances de son activité de jeux vidéo grâce aux ventes robustes de sa console de salon PlayStation 4 (PS4), ainsi que sur la demande grandissante de capteurs d'image Cmos pour mobiles et appareils photo. Il est le premier fournisseur mondial de ce type de composants dont il augmente sans cesse la production.

Sony, inventeur du Walkman, depuis éclipsé par l'iPod d'Apple, s'est imposé une cure de remise en forme au prix de sacrifices - la cession des PC, une réduction de 30% des effectifs de Sony Mobile - et d'une réorganisation censée permettre une gestion autonome et transparente des différentes activités en les dégageant dans des entités à part.

Sony espère tirer pleinement profit de ces modifications et d'autres à venir à partir de cette année pour recouvrer des marges solides et en croissance comme l'a récemment promis son patron.

Sur la base d'un nouveau plan stratégique sur trois ans, le groupe vise un bénéfice d'exploitation de plus de 500 milliards de yens pour l'exercice 2017-2018.

«Les composants, les jeux, la musique et le cinéma deviendront les moteurs de la croissance des revenus et profits», a expliqué M. Hirai, lors d'une conférence de presse en février.