La croissance du géant chinois de la vente sur internet Alibaba (BABA) n'est pas assez explosive aux yeux de Wall Street et son titre était chahuté jeudi alors que ses dirigeants tentaient de contrer les accusations de fraude récemment lancées par Pékin.

Le groupe a certes affiché des ventes en hausse de 40% sur un an au cours du troisième trimestre de son exercice décalé se terminant fin décembre, à 4,22 milliards de dollars. Mais c'est moins que les 52% de croissance enregistrée au trimestre précédent et que les 4,45 milliards de dollars attendus par les analystes.

Sanction immédiate de la Bourse de New York: le titre d'Alibaba, qui avait fait une entrée fracassante à Wall Street en septembre en levant un montant record de 25 milliards de dollars, s'effondrait de 10,60% à 88,01 dollars vers 10h05.

L'action avait déjà perdu plus de 4% mercredi après un rapport d'un important organisme gouvernemental chinois reprochant notamment à Alibaba de permettre des «illégalités» sur ses plateformes de vente.

Le vice-président du groupe Joe Tsai a tenté lors d'une conférence téléphonique avec les analystes de dégonfler ces accusations.

La méthodologie «arbitraire» utilisée dans un précédent rapport reprochant à Alibaba d'avoir le plus fort taux de contrefaçons parmi 6 entreprises spécialisées dans le cybercommerce et le fait de rendre public mercredi un «soi-disant Livre blanc» relayant une réunion entre les dirigeants d'Alibaba et cet organisme en juillet «est tellement injuste que nous avons pris la décision extraordinaire de préparer une plainte formelle», a-t-il indiqué.

«Bien évidemment, ce genre de situation n'aide pas», a-t-il ajouté.

Risque politique

La prise de position ferme d'Alibaba face au gouvernement chinois présente de fait «un risque politique qu'il ne faut pas négliger», a commenté Gregori Volokhine, gestionnaire de portefeuille à Meeschaert Financial Services.

Un autre facteur ayant déclenché selon lui la réaction négative des investisseurs est «l'augmentation des dépenses pour attirer plus de clients sur leur plateforme mobile». «Tenter d'élargir sa base coûte de l'argent.»

L'emblématique fondateur du site, Jack Ma, avait fait part le 23 janvier lors d'une intervention au forum économique mondial de Davos de sa volonté de mondialiser son entreprise afin d'atteindre les deux milliards d'utilisateurs.

Le nombre d'utilisateurs actifs sur les sites d'Alibaba est déjà monté en 2014 de 45% à 334 millions. Parmi eux, 265 millions ont effectué des achats sur mobile, un chiffre presque doublé en un an.

En Chine, de loin le principal marché d'Alibaba, 42% des transactions se sont via des appareils portables, contre seulement 20 fin 2013.

Dans ce pays, le volume d'affaires - unité de mesure dans le secteur de la distribution - a par ailleurs augmenté de 49%.

Cela n'a pas empêché le bénéfice net d'Alibaba de reculer de 28% sur un an, à 964 millions de dollars.

Cette baisse est selon le groupe principalement le fruit d'une augmentation des dépenses destinées à rémunérer les salariés, à une charge exceptionnelle liée aux frais du remboursement anticipé d'un emprunt de 8 milliards de dollars auprès de banques et à une hausse de ses impôts sur les bénéfices.

Le résultat ajusté par action, qui fait référence aux États-Unis où Alibaba est coté, s'est en revanche établi à 81 cents, soit plus que le montant attendu par les analystes (75 cents).