Le groupe chimique américain DuPont (DD), qui a pâti en 2014 du renforcement du dollar et d'un moindre intérêt pour ses produits agricoles, a prévenu mardi que les effets de change continueraient à peser fortement en 2015.

Les actionnaires bénéficieront quand même à partir de mi-2015 du lancement d'un programme de rachat d'actions d'environ 4 milliards de dollars après la finalisation de la scission de ses activités de chimie traditionnelles.

Et le groupe, dont la grande majorité des ventes s'effectue en dehors de l'Amérique du Nord, va tenter de limiter l'impact négatif du renchérissement du dollar en poursuivant l'accélération de son programme de réduction de coûts.

«Sur l'ensemble de l'année, les effets de change ont pesé à hauteur de 26 cents par action», a remarqué le directeur financier Nicholas Fanandakis lors d'une conférence téléphonique avec les analystes. Et ils devraient faire baisser le bénéfice par action en 2015 de l'ordre de 60 cents.

L'an dernier, l'entreprise a dégagé un bénéfice net de 3,64 milliards de dollars, en baisse de 25%, assorti d'un chiffre d'affaires en recul de 3% à 34,72 milliards de dollars.

Hors éléments exceptionnels, mesure principalement suivie par les investisseurs, le bénéfice répond toutefois aux attentes des analystes, à 4,01 dollars par action.

«Les volumes, les marges et les bénéfices ont augmenté dans la majorité de nos secteurs d'activités malgré des défis importants sur les marchés et au niveau macroéconomique, avec notamment une économie agricole plus faible, un dollar plus fort et un environnement de prix difficile sur les marchés», a commenté le groupe dans un communiqué.

Bataille avec Peltz

DuPont fait toutefois valoir qu'il a progressé dans la mise en oeuvre de son changement de cap stratégique, notamment dans la préparation de la scission de ses activités de chimie traditionnelles, dévoilée fin 2013, qui doit donner naissance à une entreprise baptisée Chemours.

Lorsque cette dernière opération sera terminée à la mi-2015, le groupe lancera son nouveau programme de rachat d'actions étalé sur une période allant de 12 à 18 mois.

Le groupe mise aussi beaucoup sur sa capacité à réaliser des économies. Il devrait atteindre fin 2015, soit plus tôt que prévu, son objectif de réduction de coûts de l'ordre de 1 milliard, a souligné la PDG du groupe Ellen Kullman.

Le groupe fait actuellement face à des attaques répétées de la part de l'investisseur activiste Nelson Peltz et son fonds Trian, qui poussent à un démantèlement du géant de la chimie et ont demandé début janvier quatre sièges d'administrateurs au conseil du groupe.

Mais DuPont a éludé cette bataille lors de la conférence avec les analystes: tout en indiquant qu'un comité étudiait les candidatures présentées par M. Peltz, un responsable a rappelé que le conseil d'administration était persuadé de la supériorité de la stratégie mise en place par DuPont sur celle proposée par Trian et a demandé à ce qu'aucune question ne soit posée à ce sujet.

Par secteur d'activité et en terme de bénéfice opérationnel, l'agriculture a enregistré un recul de 5% à 2,35 milliards de dollars, en raison notamment d'une baisse des ventes de semences de maïs, un des produits phares de la filiale Pioneer, d'herbicides, et d'effets de change particulièrement défavorables.

Pour la division électronique et communication, le bénéfice opérationnel a augmenté de 6% et pour les biosciences et la division nutrition et santé, il a crû respectivement de 25% et 27%.

Pour les produits chimiques de performance, il a baissé de 8% mais il a augmenté de 1% pour les matériaux de performance. Les matériels de sécurité et de protection ont vu leur bénéfice opérationnel progresser de 15%.

Au quatrième trimestre, malgré un recul du chiffre d'affaires de 5% à 7,38 milliards de dollars, la firme de Wilmington (Delaware) a fait part d'un bénéfice net plus que triplé sur un an. Rapporté au nombre d'actions et hors éléments exceptionnels, cela revient à 71 cents par titre, ce qu'avaient anticipé les experts.

Pour 2015, le groupe prévoit un bénéfice hors éléments exceptionnels allant de 4 à 4,20 dollars, alors que les analystes anticipaient 4,46 dollars.

À Wall Street, le titre perdait 2,85% à 72 dollars.