BRP a révisé à la baisse, vendredi, ses prévisions de croissance pour l'exercice 2015 en raison de la dévaluation du rouble en Russie - son troisième marché en importance -, ce qui a ébranlé le titre du fabricant de véhicules récréatifs.

En début de séance, vendredi, à la Bourse de Toronto, l'action de la société de Valcourt s'échangeait à 21,02 $, son plus bas niveau en plus d'un an. En fin d'avant-midi, elle avait pris un peu de mieux mais reculait toujours de 8,6 pour cent, ou 2,19 $, à 23,22 $.

BRP [[|ticker sym='T.DOO'|]] prévoit que la croissance de son bénéfice net ajusté pour l'exercice devrait osciller entre 4 et 11 pour cent, alors que sa fourchette initiale misait sur une croissance de 10 à 17 pour cent.

«Le pouvoir d'achat du rouble a fléchi (...) de 45 pour cent depuis les dernières commandes placées par nos distributeurs au mois de juillet», a fait remarquer son président et chef de la direction, José Boisjoli, lors d'une conférence téléphonique.

En plus du déclin marqué de la valeur du rouble, le marché russe, qui a connu une croissance annuelle de 20 pour cent au cours de la dernière décennie, a également été ébranlé au cours de la dernière année en raison d'une demande plus faible attribuable aux piètres conditions d'enneigement.

La fourchette de prévision pour le profit ajusté par action, qui devait initialement osciller entre 1,55 $ et 1,65 $, devrait finalement fluctuer entre 1,47 $ à 1,57 $, alors que les revenus, dont la croissance avait d'abord été estimée entre 9 et 13 pour cent, devraient finalement progresser de 8 à 12 pour cent.

Questionné par les analystes, M. Boisjoli a souligné que la tourmente en Russie avait incité des distributeurs à réduire leurs commandes de moitié pour le quatrième trimestre, alors que s'amorce la saison forte pour les motoneiges.

«En Russie, certaines banques mettent de la pression sur le crédit de nos (partenaires), a-t-il dit. Cela met de la pression sur nos stocks par rapport à ce que nous avons normalement à ce temps-ci de l'année.»

S'il estime que les investisseurs seront «déçus» de cette révision à la baisse, Benoit Poirier, de Desjardins marchés des capitaux, croit toutefois que le profit par action de BRP devrait répondre aux attentes des analystes.

«Cette (situation) ne devrait pas changer l'histoire (de BRP)», écrit l'analyste dans une note.

Quant à sa performance au troisième trimestre terminé le 31 octobre, l'ancienne division des véhicules récréatifs de Bombardier a raté la cible des analystes alors qu'elle a vu ses profits fléchir d'environ 23 pour cent.

BRP a engrangé un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 37,2 millions $, par rapport à 48,2 millions $ à la même période l'année dernière, alors que son profit ajusté s'est établi à 71,9 millions $, ou 60 cents par action.

Le bénéfice ajusté affiche une croissance de 22 pour cent par rapport à l'an dernier, ce que l'entreprise a essentiellement attribué à de meilleures marges brutes découlant de la hausse du volume de ventes de motoneiges.

Stimulés par la vigueur du dollar américain et de l'euro, les revenus du fabricant des véhicules récréatifs Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am ont progressé de six pour cent pour s'établir à 918 millions $.

L'augmentation des revenus comprend une fluctuation favorable de 29 millions $ des taux de change. Les ventes de motoneiges, de pièces de remplacement, d'accessoires et de vêtements ont également joué un rôle à ce chapitre.

La performance trimestrielle de BRP n'a toutefois pas répondu aux attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui planchaient sur des revenus de 952 millions $ et un profit ajusté par action de 65 cents.

«Je suis néanmoins satisfait de nos résultats puisque les facteurs clés de nos perspectives antérieures demeurent inchangés, ce qui en dit long sur (...) notre exécution», a nuancé M. Boisjoli.

Par ailleurs, même si les dépenses annuelles en carburant des adeptes de la motoneige tournent autour de 400 $, ce qui ne semble pas significatif, selon le patron de BRP, cela ne l'empêche pas de se réjouir de la dégringolade des prix du pétrole brut.

«Il va y avoir un impact sur le revenu disponible, a-t-il dit. Cela pourrait avoir des impacts négatifs dans des marchés comme la Russie, mais à l'échelle mondiale, je crois que cela pourrait avoir un impact positif sur la demande.»

L'analyste de Desjardins semble du même avis, estimant que le recul des prix du brut pourrait avoir l'effet d'un «élan» pour BRP au cours des prochaines années.