Produits forestiers Résolu (T.RFP) exhorte le gouvernement Couillard à mettre sur pied un programme destiné aux entreprises forestières qui doivent composer avec la propagation de l'épidémie de tordeuse du bourgeon d'épinette.

Son président et chef de la direction, Richard Garneau, a estimé jeudi que Québec devrait s'inspirer de la Colombie-Britannique, où une infestation similaire avait incité cette province à réduire le prix du bois dans les zones touchées.

«Je ne crois pas que le gouvernement réalise quel impact cette épidémie a sur l'industrie», a-t-il expliqué lors d'une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre de Résolu.

D'après M. Garneau, près de trois millions d'hectares de forêts au nord de la vallée du Saint-Laurent sont infestés par la tordeuse du bourgeon d'épinette, qui s'attaque au sapin et au pin blanc. Il a ajouté que c'est cette situation qui a provoqué l'arrêt indéterminé de deux machines à papier à son usine de Baie-Comeau, sur la Côte-Nord.

«La dégradation de la qualité de la fibre a fait grimper les coûts pour les entreprises, qui s'ajoutent aux sommes supplémentaires qui découlent du nouveau régime forestier du Québec», a dit M. Garneau.

Le patron de Résolu estime que l'infestation, qui s'est amorcée en 2006, prend de l'ampleur et qu'elle pourrait contaminer entre 10 et 15 millions d'hectares d'ici quelques années si rien n'est fait.

La situation ne devrait toutefois pas atteindre des proportions aussi dramatiques qu'en Colombie-Britannique, où le dendroctone du pin avait, selon certaines estimations, détruit 18 millions d'hectares de forêt.

D'après le ministère des Forêts de cette province, près de 710 millions de mètres cubes de forêt ont été détruits par cette infestation, qui avait débuté en 1996.

«Le gouvernement de Colombie-Britannique avait créé un programme et c'était 25 cents du mètre cube à peu près», a précisé un porte-parole de la forestière québécoise, Karl Blackburn.

Puisque le prix de la fibre oscille entre 11 $ et 12 $ du mètre cube, M. Blackburn a tenu à préciser que Résolu ne s'attend pas obtenir un prix similaire à celui décrété dans l'Ouest.

«Il y a toutefois une marge qui peut certainement être trouvée pour que cette fibre soit récoltée à un coût économiquement viable», a-t-il dit.

L'utilisation de bois contaminé est plus dispendieuse pour une entreprise car elle doit notamment s'assurer de faire disparaître les taches laissées par la tordeuse du bourgeon afin de s'assurer de sa qualité. De plus, il faut plus de fibre contaminée pour produire une tonne de papier journal.

Résolu dit sentir une volonté du ministre québécois des Forêts, de la Faune et des Parcs, Laurent Lessard, de trouver une solution, mais ajoute que le «sentiment d'urgence» ne semble pas être le même pour tous les intervenants concernés.

«Je ne suis pas certain que nous sommes tous au même endroit dans ce dossier», a dit le porte-parole de l'entreprise.

L'attaché de presse du ministre Lessard, Pierre-Olivier Lussier, a indiqué que Québec était au courant des demandes des acteurs de l'industrie forestière concernés par l'épidémie, mais il n'était pas en mesure de dire quels moyens pourraient être mis de l'avant.

L'analyste Paul Quinn, de RBC Marchés des capitaux, a estimé que cette sortie de Résolu visait également à faire reculer les coûts de la fibre, mais que le gouvernement du Québec devait se pencher sur la question.

«Si vous voulez une industrie, vous ne pouvez pas les pénaliser», a-t-il dit.

Quant à ses résultats du troisième trimestre, Résolu a dévoilé un bénéfice net de 116 millions $ US, ou 1,23 $ US par action, par rapport à une perte de 588 millions $ US, ou 6,22 $ US par action, à la même période l'an dernier.

En excluant les éléments non récurrents, le bénéfice ajusté de la papetière s'est établi à 17 millions $ US, ou 18 cents par action. L'an dernier, il avait été de 29 millions $ US, ou 31 cents par action.

Ses revenus ont glissé de 34 millions $ US, ou trois %, à 1,09 milliard $ US, comparativement à 1,13 milliard $ US au troisième trimestre de 2013.

Résolu a notamment épongé une charge de 85 millions $ US en lien avec la fermeture de son usine Laurentide, à Shawinigan, en Mauricie.

En après-midi, à la Bourse de Toronto, l'action de la société gagnait 26 cents pour se transiger à 20,37 $.