Le géant des logiciels Microsoft (MSFT) cueille les fruits de son offensive dans le «cloud», l'informatique dématérialisée, avec une accélération de son activité applaudie jeudi par Wall Street.

Lors du premier trimestre de son exercice décalé 2014/15 clos fin septembre, le chiffre d'affaires, qui prend en compte l'intégration du fabricant de téléphones Nokia, a bondi de 25,2% à 23,2 milliards de dollars. Il est largement au-dessus des 22,02 milliards de dollars anticipés par les marchés. Hors Nokia qui a contribué pour 2,6 milliards de dollars, les revenus de Microsoft ont bondi de 11%.

«Ces résultats positifs sont la preuve que la transition dans le cloud se déroule bien», estime Raimo Lenschow, analyste chez Barclays dans une note.

À Wall Street, le titre gagnait 3,29% à 46,50 dollars vers 18h30 dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance.

«Notre culture est en train de changer», a insisté devant des analystes jeudi Satya Nadella, le nouveau directeur général du groupe américain qui s'est construit sur la création et la vente de logiciels sur disquettes et CD ou chargés d'office sur les ordinateurs.

Le nouveau credo est désormais «le mobile et le cloud d'abord». Dès son arrivée en février, M. Nadella a décidé de recentrer Microsoft sur les marchés en croissance, comme les objets connectés ou les services en ligne pour les consommateurs et les professionnels afin de rattraper le retard pris sur les rivaux Apple et Google.

Ce virage, qui a suscité des craintes de voir rogner les marges lucratives générées par les logiciels, semble couronné de succès d'autant que les autres grands groupes informatiques comme IBM et Oracle souffrent.

Les recettes tirées de la division entreprises (serveurs et services dématérialisés en ligne, dans le «cloud») ont progressé de 10% à 12,28 milliards de dollars.

Cette division qui comprend le système d'exploitation Windows Pro (+10%) est la vache à lait du groupe. Elle est regardée de près pour évaluer la façon dont les entreprises s'adaptent aux nouveaux objets technologiques (tablettes, téléphones intelligents) censés étendre le bureau jusqu'à la maison.

Rattraper Apple et Google

Pour éviter d'être à nouveau semé par ses concurrents, Microsoft, qui a raté le train initial du mobile, a ouvert depuis quelque temps sa célèbre suite de bureautique Office (Word, Excel, PowerPoint..) à l'écosystème d'Apple et Google.

Environ 7 millions de personnes en plus se sont abonnées à Office 365, la version dématérialisée en ligne de la suite de bureautique, soit 25% de plus en un trimestre.

La plateforme d'informatique dématérialisée Azure a également tiré les recettes.

Les activités à destination du grand public affichent pour leur part un chiffre d'affaires en hausse de 47% à 10,96 milliards de dollars.

Microsoft a notamment écoulé 2,4 millions de consoles de jeux vidéo Xbox mais sans donner de précisions entre la Xbox One, sa réponse à la PlayStation 4 de Sony, et la plus ancienne Xbox 360. Les recettes de la tablette Surface ont plus que doublé sur trois mois à 908 millions de dollars.

À l'inverse, les recettes tirées des logiciels destinés aux PC pour particuliers ont ralenti (-1%) dans un contexte de changements des habitudes des consommateurs, qui leur préfèrent des objets à portée de main comme les tablettes ou téléphones intelligents.

Pour relancer le PC, Microsoft a donné récemment un premier aperçu de son prochain système d'exploitation, baptisé «Windows 10», conçu pour s'adapter automatiquement à l'appareil sur lequel il est utilisé, qu'il s'agisse d'une console de jeux vidéo Xbox, d'un ordinateur de bureau, d'une tablette, voire d'un petit objet connecté.

Si le bénéfice net a diminué de 13,4% sur un an à 4,54 milliards de dollars, c'est en raison d'une charge de 1,14 milliard de dollars, dont 750 à 800 millions d'indemnités de licenciement, liée à l'intégration du fabricant de téléphones Nokia.

Pour accueillir le groupe finlandais, Microsoft a décidé en juillet de supprimer 18 000 emplois, soit 14% de ses effectifs mondiaux.