Le géant informatique IBM (IBM) a effectué une nouvelle manoeuvre pour tenter de se restructurer, hier, en transférant ses activités de fabrication de semi-conducteurs à la société GlobalFoundries. L'usine de Bromont - la seule d'IBM au Canada - n'est pas touchée par cette transaction.

«Quels seront les impacts des activités canadiennes? À l'heure actuelle, ils sont nuls», a résumé Bernie Meyerson, directeur de l'innovation chez IBM, en entrevue à La Presse Affaires.

L'usine de Bromont, qui emploie 2800 personnes selon certaines sources (ce qu'IBM refuse de confirmer), transforme les semi-conducteurs en composantes microélectroniques de pointe. Une fois assemblés par les travailleurs québécois, ces systèmes sont utilisés dans les produits d'IBM et ceux de ses clients.

La mission de l'usine de Bromont restera la même, mais ses partenaires changeront, fait valoir l'entreprise. Elle s'approvisionnera désormais auprès de GlobalFoundries plutôt qu'auprès d'usines appartenant à IBM.

Bernie Meyerson insiste: la fabrication à large échelle de semi-conducteurs n'a «jamais» fait partie de la mission centrale d'IBM. «Notre activité principale, ce sont les technologies de l'information.»

Coût élevé

Cette transaction survient dans un contexte difficile pour le géant américain. Selon l'entente annoncée hier, IBM a accepté de payer 1,5 milliard US à GlobalFoundries pour qu'elle reprenne ses activités déficitaires de fabrication de puces.

IBM a en outre déprécié ces actifs dans ses comptes du troisième trimestre, ce qui porte la charge totale à 4,7 milliards US avant impôts (3,3 milliards US net). Ces frais ont réduit presque à néant le bénéfice net d'IBM pour le troisième trimestre, également publié hier: il est tombé à 18 millions US comparativement à 4 milliards US un an plus tôt.

IBM était l'un des derniers grands du secteur à maîtriser l'intégralité du cycle de production des composants, de la planche de dessin jusqu'à la fabrication et la commercialisation. Il les utilise lui-même dans ses serveurs, mais sous-traite aussi pour des tiers: un de ses microprocesseurs équipait, par exemple, la console de jeux vidéo Xbox 360 de Microsoft.

GlobalFoundries, une société à capitaux émiratis qui avait repris les usines du fabricant de puces américain AMD, va notamment récupérer deux usines aux États-Unis et leurs salariés, ainsi que des milliers de brevets. L'entreprise continuera pendant 10 ans à fournir des microprocesseurs pour les serveurs d'IBM, qui se limitera à l'avenir à la recherche sur les semi-conducteurs.

Les analystes de Cantor Fitzgerald voient dans la cession «une évolution positive qui s'aligne bien avec la stratégie du groupe visant à se concentrer sur des activités à haute valeur ajoutée», surtout vu la concurrence croissante venue d'Asie.

IBM s'est séparée progressivement d'une grande partie de ses activités industrielles pour se recentrer sur les services et vient notamment de céder ses serveurs d'entrée de gamme au groupe chinois Lenovo, qui avait déjà repris ses PC en 2005. Cette stratégie ne semble toutefois rapporter que modérément. Le chiffre d'affaires a reculé pour le 10e trimestre consécutif, de 4%, à 22,4 milliards US, au troisième trimestre. La déception était nette à Wall Street, où l'action d'IBM a chuté hier de 7,1%, à 169,10$US.

- Avec l'Agence France-Presse