Deux ans après avoir réalisé la plus importante acquisition de son histoire, WSP Global (ex-Genivar) serait prête à allonger 1,2 milliard pour mettre la main sur Parsons Brinckerhoff, ce qui lui permettrait de doubler sa taille.

Samedi, le quotidien londonien The Telegraph a rapporté que WSP [[|ticker sym='T.WSP'|]], l'entreprise britannique Atkins et deux firmes d'investissement privées étaient sur les rangs pour acquérir Parsons Brinckerhoff, qui compte plus de 14 000 salariés aux États-Unis, en Europe, au Moyen-Orient, en Asie, en Océanie et au Canada. Le vendeur est l'entreprise de construction britannique Balfour Beatty.

Au cours d'une téléconférence tenue hier avec les analystes financiers pour commenter les résultats du deuxième trimestre, le PDG de WSP, Pierre Shoiry, n'a rien fait pour faire taire les rumeurs. Il a indiqué que les prix des entreprises disponibles sur le marché n'étaient pas trop élevés et que WSP avait les ressources nécessaires pour intégrer une acquisition d'envergure.

De plus, le dirigeant n'a pas exclu l'acquisition d'une firme ayant des marges bénéficiaires plus faibles que celles de WSP. Les marges de Parsons Brinckerhoff sont d'à peine 5%, alors que celles de WSP oscillent autour de 11%. «Les marges ne sont qu'une partie de l'équation», a-t-il déclaré, notant que la situation s'améliore souvent après une acquisition grâce à des gains d'efficience.

Pour l'analyste Maxim Sytchev, de Dundee Capital Markets, l'achat de Parsons Brinckerhoff serait une autre transaction «transformationnelle» pour l'entreprise québécoise, comme l'avait été l'acquisition de la britannique WSP par Genivar en 2012. Si la transaction se concrétisait, le chiffre d'affaires de WSP passerait de 2 à 5 milliards et ses effectifs, de 17 500 à 31 500.

À l'échelle mondiale

L'acquisition de Parsons Brinckerhoff, la 12e firme d'ingénierie en importance aux États-Unis, «amènerait WSP à une échelle vraiment mondiale avec une concentration dans les infrastructures», a estimé dans une note Sara O'Brien, analyste chez RBC Marchés des Capitaux.

Les analystes avancent que le financement d'une éventuelle acquisition de Parsons Brinckerhoff proviendrait pour la moitié de l'émission de nouvelles actions de WSP. Le cas échéant, les deux principaux actionnaires de l'entreprise, la Caisse de dépôt et placement du Québec et l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada, seraient sûrement appelés à apporter leur contribution.

Depuis le début de l'année, WSP a repris la voie des acquisitions. Elle a notamment versé 366 millions pour la firme albertaine Focus, qui compte quelque 1800 employés. En juin, M. Shoiry avait fait part de son ambition de faire de WSP l'une des trois plus grandes firmes d'ingénierie du monde, avec 45 000 salariés, d'ici 2020.

Les autres acteurs de l'industrie ne restent toutefois pas inactifs. La grande rivale de WSP, SNC-Lavalin, a annoncé en juin l'acquisition de la firme britannique Kentz pour 2,1 milliards. Et il y a 3 semaines, le géant Aecom, de Los Angeles, a fait une offre de 4 milliards US pour son concurrent URS, de San Francisco.

Résultats

Au deuxième trimestre, qui a pris fin le 28 juin, WSP a enregistré des profits nets de 23,6 millions, ou 40 cents par action, en hausse de 39% par rapport aux 17 millions, ou 33 cents par action, dégagés à la période correspondante de l'exercice précédent. Les revenus nets ont atteint 513,1 millions, en hausse de 20%.

Au Canada, le chiffre d'affaires a augmenté de 34%, grâce principalement à l'acquisition de Focus. En fait, en excluant cet ajout, les revenus ont reculé de 11% au Canada à cause de la faiblesse continue des marchés du Québec et de l'Ontario.

«Nos activités dans l'est du Canada se sont stabilisées et nous avons commencé à constater des tendances encourageantes, principalement au Québec, a affirmé Pierre Shoiry. De façon prudente, nous avons bon espoir que les résultats s'amélioreront [au Québec et en Ontario] à partir de 2015.»

Le PDG a dit croire que WSP a de bonnes chances de remporter au moins l'un des deux principaux contrats qui seront octroyés au cours des prochains mois au Canada: celui de l'échangeur Turcot et celui du nouveau pont Champlain.

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LES PLUS GRANDES FIRMES MONDIALES DE GÉNIE-CONSEIL

Revenus 2013 (en millions US)

1. Aecom (É.-U.) 7241

2. Jacobs (É.-U.) 6820

3. WorleyParsons (Aus.) 5535

4. URS (É.-U) 5270

5. Amec (R.-U.) 5041

6. Fluor (É.-U.) 4506

7. CH2 M Hill (É.-U.) 3585

8. SNC-Lavalin (Can.) 3516

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16. WSP (Can.) 2326

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24. Parsons Brinckerhoff 1724

Source : Engineering News-Record