Le groupe de médias américain Time Warner (RWX) doit convaincre Wall Street qu'il a eu raison de repousser les avances de Rupert Murdoch. Dans l'immédiat, ses résultats trimestriels solides mercredi n'ont pas compensé la déception provoquée par le retrait du milliardaire.

L'action Time Warner s'effondrait de 12,58% à 74,47 dollars vers 14 h 20, accusant le coup de la perte d'une perspective d'un rachat du groupe pour près de 80 milliards de dollars par 21st Century Fox, la société rassemblant les chaînes de télévision et les studios de cinéma de M. Murdoch.

Time Warner a pourtant publié des bénéfices supérieurs aux attentes pour le deuxième trimestre: le bénéfice net a grimpé de 10% à 850 millions de dollars, soit 98 cents par action, nettement plus que les 84 cents visés par les analystes.

Le chiffre d'affaires progresse pour sa part de 3% à 6,8 milliards de dollars.

S'il n'a pas voulu commenter les plans de Rupert Murdoch, le PDG Jeff Bewkes a vu dans ces résultats «la preuve que notre stratégie fonctionne», lors d'une téléconférence avec des analystes.

Il s'est séparé de plusieurs activités périphériques ces dernières années, la dernière étant la branche de magazines Time Inc., mise en Bourse en juin.

«Nous avons seulement commencé à recueillir les bénéfices d'être une entreprise plus agile et plus concentrée sur les contenus vidéo», a assuré M. Bewkes, promettant «une croissance attractive dans les années à venir».

Time Warner table sur une progression de son bénéfice par action cette année dans le bas d'une fourchette de 13% à 19%, «voire davantage», et laisse miroiter une accélération les années suivantes.

Pour afficher sa confiance, il choie ses actionnaires avec 3,5 milliards de dollars de rachats d'actions sur les sept premiers mois de l'année, et 6,5 milliards encore à venir.

Acquisitions stratégiques pas exclues 

La banque Barclays juge «intéressante» l'accélération des rachats d'actions, qui toutefois «ne suffiront probablement pas à satisfaire les actionnaires qui avaient une vraie offre sur la table». Pour elle, Time Warner «pourrait être forcé à rechercher d'autres solutions stratégiques» pour remonter son cours de Bourse.

La direction du groupe n'exclut d'ailleurs pas des acquisitions.

Le directeur financier Howard Averill dit vouloir conserver «la flexibilité (financière) pour s'engager dans les fusions et acquisitions stratégiques qui se présentent».

«Nous ne manquons de rien», assure pour sa part Jeff Bewkes, mais «ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose d'ajouter» une activité «complémentaire» ou apportant «davantage d'échelle» sur un créneau précis.

Il a toutefois insisté sur l'importance de bien évaluer les risques et les avantages, relevant qu'il y avait «toujours des problèmes» lors des grosses fusions et rappelant que Time Warner était déjà «le plus gros producteur et distributeur de films dans le monde» avec ses studios Warner Bros et disposait de «réseaux télévisés très solides» avec les bouquets Turner et HBO.

Cette dernière, qui a encore enregistré des audiences record pour la quatrième saison de sa série «Game of Thrones», a particulièrement brillé au deuxième trimestre: son bénéfice d'exploitation bondit de 19% et ses revenus de 17%. Les recettes tirées des abonnements grimpent de 10% et celles des droits de retransmission de ses films et séries s'envolent de 56% grâce essentiellement à un accord de grande ampleur avec le service de vidéo en ligne d'Amazon. Et M. Bewkes voit «d'importantes» opportunités de croissance à l'international.

Les studios Warner Bros. ont en revanche des revenus en baisse de 3%. Les ventes de DVD et de vidéo à la demande ont été bonnes pour le film d'animation «Lego» et le deuxième volet de l'épopée fantastique «Le Hobbit», mais les entrées en salles avaient été meilleures l'an dernier grâce à «Man of Steel», qui relançait les aventures de Superman, la nouvelle version de «Gatsby le Magnifique» avec Leonardo DiCaprio dans le rôle-titre, et le troisième volet de la comédie «Very Bad Trip».

Fox doit présenter ses propres résultats trimestriels mercredi soir.