Fort d'un carnet de commandes solide, l'avionneur Boeing (BA) a fortement relevé ses prévisions annuelles mercredi mais il a aussi inquiété avec une charge inattendue liée à son projet d'avion ravitailleur dont le développement est encore à un stade initial.

Le constructeur aéronautique a relevé de 10% son objectif de bénéfice annuel par action hors éléments exceptionnels, référence des investisseurs nord-américains.

Celui-ci est désormais attendu entre 7,90 et 8,10 dollars, contre 7,15 à 7,35 dollars auparavant. C'est aussi mieux que les 7,67 dollars prévus par les marchés financiers.

Cet optimisme est dû d'une part à un carnet de commandes estimé à 377 milliards de dollars, portant sur plus de 5200 avions de ligne, explique le groupe de Chicago.

Boeing devrait en outre bénéficier d'un ajustement fiscal de 408 millions de dollars relatif à la période 2009-2010.

Mais c'est la performance trimestrielle et surtout sa division espace et défense, en proie aux réductions des budgets militaires dans les pays occidentaux, qui a retenu l'attention.

Entre avril et juin, le bénéfice net a bondi de 52% sur un an à 1,65 milliard de dollars, ce qui se traduit par un bénéfice par action hors éléments exceptionnels de 2,42 dollars, contre 2,01 dollars attendus.

Le chiffre d'affaires est ressorti inférieur aux attentes, à 22,04 milliards de dollars (+1% sur un an), contre 22,23 milliards de dollars anticipés.

Il est plombé par la baisse de 5% à 7,74 milliards des recettes militaires, tandis que l'aviation civile a vu ses revenus progresser de 5% à 14,3 milliards de dollars.

«Les résultats sont mitigés. Il y a des choses qui interrogent», a réagi la banque Deutsche Bank dans une note.

Charges supplémentaires?

Boeing a inscrit une charge inattendue de 272 millions de dollars dans ses comptes, liée à l'avion ravitailleur KC-46A, dont la livraison est prévue au printemps 2016 mais qui devrait connaître des retards.

Le constructeur explique que cette dépense reflète un surcoût lié aux travaux supplémentaires d'ingénierie et d'installation de systèmes requis pour ce méga-contrat de 30 milliards de dollars avec le Pentagone remporté de haute lutte face à l'européen Airbus en 2011.

«C'est inquiétant que Boeing inscrive une telle charge à un stade relativement initial de ce programme au long cours, d'autant que la direction avait assuré récemment que tout se déroulait comme prévu», s'étonne Robert Stallard, analyste chez RBC Capital Markets.

«Cette charge est une mauvaise surprise car elle ne sera pas suffisante pour couvrir tous les dérapages du programme», renchérit Carter Copeland chez Barclays.

Pour les analystes, Boeing pourrait annoncer des dépenses supplémentaires.

S'il a jugé la charge «décevante», le PDG Jim McNerney a fait valoir que ces dépenses visaient à assurer le «respect du calendrier» dévoilé.

«Les enjeux sont parfaitement compris et nous restons sur la bonne voie pour entamer la campagne d'essais en vol sur des ravitailleurs entièrement équipés dans la première partie de l'année prochaine», a-t-il déclaré, cité dans un communiqué de l'entreprise.

À Wall Street, les investisseurs ont très mal accueilli ces nouvelles: l'action perdait 2,56% à 126,42 dollars vers 13 h Boeing peut se consoler avec la bonne santé de sa division aviation civile, qui profite d'un renouvellement de flottes de compagnies aériennes.

Sur le deuxième trimestre, le constructeur aéronautique américain a enregistré 264 commandes nettes et livré 181 avions. Les livraisons de son avion nouvelle génération, le 787 «Dreamliner», ont notamment décollé: il en a livré 30 sur les trois derniers mois.

Boeing a reçu depuis janvier commande de 783 appareils, soit bien plus que ses prévisions de livraisons pour l'ensemble de l'année (715 à 725 avions de ligne).

Il distance de loin son rival Airbus, qui l'avait battu l'an dernier pour établir la meilleure performance commerciale de l'histoire de l'aéronautique. Les commandes nettes du constructeur européen avaient atteint 1503 unités, contre 1355 pour Boeing.