Obtenir des centaines de dollars Canadian Tire (t.ctc.a) en prime lors d'un nouvel emprunt hypothécaire à la Banque Scotia? C'est le genre de propositions qui se préparent pour les consommateurs canadiens après l'annonce d'un autre partenariat entre un détaillant d'importance et l'une des plus grandes banques canadiennes.

Après Loblaw et la Banque CIBC, Couche-Tard et les banques Scotia et Royale, ainsi que Target et la Banque TD aux États-Unis, c'est au tour du groupe Canadian Tire et ses filiales comme L'Équipeur et Sports Experts de pactiser avec la Banque Scotia.

Attendue depuis quelques mois, l'annonce par Canadian Tire d'une transaction de 500 millions de dollars comptant pour la cession de 20% de sa filiale de services financiers et de cartes de crédit à la Banque Scotia a néanmoins étonné certains analystes des détaillants et des banques.

Leur étonnement tient surtout au montant de la transaction, qui se traduit par une valeur globale de 2,5 milliards attribuée à la filiale financière de Canadian Tire. C'est un demi-milliard de plus que l'estimation moyenne des analystes, dans la foulée de l'annonce en août dernier par l'entreprise de son intention de vendre une participation de sa lucrative filiale de services financiers et de cartes de crédit.

De plus, le partenariat avec la Banque Scotia comprend jusqu'à 2,25 milliards pour le soutien financier de l'encours à payer des cartes de crédit émises par Canadian Tire.

En tout, la filiale financière du détaillant gère quelque 1,8 million de comptes actifs de cartes de crédit, avec 4,4 milliards d'encours à payer et 12 milliards en volume annuel d'achats crédités.

Avec un tel actif, la filiale financière de Canadian Tire se classe au huitième rang des émetteurs de cartes de crédit au Canada, tout juste derrière les six grandes banques et le Mouvement Desjardins, selon un relevé de l'agence Bloomberg.

«Potentiel illimité»

C'est dans ce contexte que le chef de la direction de Canadian Tire, Stephen Wetmore, a fait état d'un «potentiel d'affaires illimité» qui pourrait découler de ce partenariat avec la Banque Scotia.

D'ailleurs, l'entente comprend déjà la possibilité pour la banque d'acquérir d'ici 10 ans une seconde participation, jusqu'à 29% de plus, au capital de la filiale financière de Canadian Tire, à un prix négociable à ce moment-là.

Au sortir de l'assemblée des actionnaires hier, le chef de la direction a qualifié le partenariat avec la Scotia de «projet de rêve en marketing» parce qu'il leur permettra de multiplier les occasions de promotion croisée entre leurs clientèles.

Et ce, a souligné Stephen Wetmore, alors que l'économie de consommation au Canada fait face à «des changements sans précédent des façons des Canadiens de magasiner, de payer leurs achats et d'effectuer leurs transactions bancaires».

Le partenariat avec Canadian Tire s'inscrit dans sa stratégie de croissance dans le très lucratif marché des cartes de crédit, avec leurs taux élevés et leurs divers frais d'utilisation.

Selon son président et chef de la direction Brian Porter, la Banque Scotia pourra aussi bonifier «l'une de nos priorités d'affaires que vise l'obtention de nouveaux clients chaque jour. C'est là que nous voyons le plus de valeur de ce partenariat avec Canadian Tire».

Du point de vue d'analystes comme Robert Sadran, de Marchés mondiaux CIBC, il s'agit d'une entente d'un «intérêt stratégique» pour la Banque Scotia pour lui permettre d'attirer de nouveaux clients tout en déployant peu de capital.

Selon John Aiken, analyste du secteur financier canadien chez Barclays, ce partenariat avec Canadian Tire «démontre la volonté de la Banque Scotia d'accroître ses parts du marché des consommateurs au Canada tout en demeurant flexible et créatif avec les moyens d'y parvenir».

Chez Canadian Tire, les résultats du premier trimestre de 2014 annoncés aussi hier faisaient état d'une progression de 3,6% du bénéfice net, à 75,6 millions, comparativement à 73,0 millions il y a un an.

Ses revenus durant les trois premiers mois de 2014 ont avancé de 3,8%, à 2,6 milliards, comparativement à 2,5 milliards l'an dernier.

Les ventes des magasins comparables (ouverts depuis plus d'un an) ont reculé de 0,5% chez Canadian Tire, mais ont progressé de 2,9% chez la filiale L'Équipeur (Mark's Wearhouse) et de 6,4% dans sa filiale FGL Sports, qui comprend les magasins Sports Experts et Atmosphère au Québec.

Avec La Presse Canadienne et Bloomberg