Le constructeur d'automobiles japonais Toyota (TM) a dégagé un bénéfice net annuel record, presque doublé grâce à la dépréciation du yen, mais la firme reste malgré tout prudente pour la suite afin d'éviter la surchauffe.

Entre le 1er avril 2013 et le 31 mars 2014, le premier constructeur mondial a dégagé un profit net de 1823 milliards de yens (19,5 milliards de dollars CAN).

Le géant basé dans la région de Nagoya a expliqué jeudi avoir bénéficié de la dépréciation du yen d'un quart face au dollar et à l'euro du fait de la politique du premier ministre Shinzo Abe, qui a poussé la banque centrale nippone à nettement assouplir sa politique monétaire.

À coût de production égal et prix de vente identique, les Toyota Made exportées rapportent désormais beaucoup plus car le fruit de leur vente en devises étrangères est converti en yens dépréciés.

Cette évolution s'est révélée d'autant plus rentable pour le mastodonte qu'il produit plus de 40% de ses véhicules au Japon contre seulement 20% pour son concurrent Nissan, dont le français Renault est le premier actionnaire.

Les ventes de véhicules du pionnier des voitures hybrides (double motorisation essence et électricité) ont grimpé de 4,5%, dépassant la barre des dix millions pour une période de douze mois, une première mondiale accomplie avec l'ensemble des marques du groupe (Toyota, de luxe Lexus, de mini-véhicules Daihatsu et de poids lourds Hino).

Toyota a écoulé davantage de véhicules au Japon (comme son monospace Noah), aux États-Unis (petite berline Camry, camionnette Tundra), et en Europe (VUS RAV4, citadine Yaris). Il a en revanche marqué le pas en Asie (hors Japon), bien que ses ventes semblent se redresser en Chine, premier marché mondial, où elles avaient souffert à l'exercice précédent des conséquences d'une querelle diplomatique sino-nippone.

Rebond américain

Dopé par les effets de change, son chiffre d'affaires a bondi de 16% à 25 691 milliards de yens (275 milliards CAN). Son bénéfice opérationnel a lui aussi atteint un nouveau record, s'envolant de 73% à 2292 milliards de yens (24,5 milliards CAN).

Pour l'exercice 2014-2015 en cours, le PDG Akio Toyoda s'est pourtant voulu prudent, assurant que le constructeur ne voulait pas griller les étapes: son bénéfice net pourrait s'effriter de 2,4% à 1780 milliards de yens (19 milliards CAN).

«Nous ne chercherons jamais à grossir de façon déraisonnable. Pour les grandes firmes, l'arrogance est le pire des erreurs», a-t-il promis lors d'une conférence de presse.

Le groupe n'a pas oublié la grave crise de croissance qu'il avait connue fin 2009 et début 2010, lorsqu'il avait dû rappeler en catastrophe près de 9 millions de voitures dans le monde, notamment aux États-Unis, à cause de pédales d'accélération pouvant rester bloquées en position enfoncée ou de freins réagissant tardivement.

S'il a annoncé début avril une nouvelle vague de rappels géante concernant 6,39 millions de véhicules dans le monde à cause de divers problèmes techniques, il s'agissait cette fois d'un «principe de précaution» destiné à prendre les devants au moindre souci.

Pour l'exercice qui sera clos en mars 2015, il ne prévoit qu'une très légère progression de ses ventes de véhicules (+1,2% en volume), tirées entre autres par son rebond aux États-Unis. Il évoque en effet des «incertitudes» dans les pays émergents, mais aussi au Japon où un déclin est redouté ce printemps après la hausse d'une taxe sur la consommation (équivalente à la TVA française).

Toyota prévoit in fine une stagnation de son chiffre d'affaires, à 25 700 milliards de yens, et de son bénéfice d'exploitation, à 2300 milliards de yens, «une pause volontaire» dans l'expansion des revenus selon M. Toyoda. Les effets de change ne devraient pas être favorables cette fois et le constructeur espère compenser de moindres profits sur ses ventes par des réductions de coûts supplémentaires.