Le groupe de défense américain Lockheed Martin (LMT) continue d'afficher des marges très élevées malgré la réduction des dépenses du Pentagone, et a même relevé mardi sa prévision de bénéfice annuel.

Le fabricant des avions de chasse F-16, qui produit aussi des satellites, des navires de guerre, des blindés ou des systèmes de missiles, a vu son bénéfice net bondir de 23% à 933 millions de dollars au premier trimestre, en dépit d'un recul plus fort que prévu de son chiffre d'affaires (-4% à 10,65 milliards de dollars).

Le bénéfice ajusté par action, qui sert de référence à Wall Street, a dépassé de 34 cents la prévision moyenne des analystes pour ressortir à 2,87 dollars.

Pour l'ensemble de l'année, Lockheed a revu sa prévision à la hausse et vise désormais un bénéfice d'entre 10,50 et 10,80 dollars par action. Il prévoyait jusqu'ici entre 10,25 et 10,55 dollars, mais le consensus du marché était plus optimiste, à 10,61 dollars.

Le groupe a en revanche maintenu sa prévision d'un chiffre d'affaires entre 44 et 45,5 milliards de dollars, après 45,4 milliards l'an passé, pour des nouvelles commandes de 41,5 à 43 milliards.

La maison de courtage Sterne Agee a salué dans une note «un nouveau trimestre solide, reflétant de très bonnes performances sur les marges en dépit des pressions budgétaires».

Lockheed Martin est confronté à une tendance à la baisse des budgets de la défense, en particulier aux États-Unis, qui lui procurent la plus grosse part de ses revenus, mais il a compensé jusqu'ici avec des réductions de coûts.

Ventes de F-35 en hausse

La PDG du groupe, Marillyn Hewson, a aussi relevé lors d'une téléconférence avec des analystes que le projet de budget de la défense pour 2015 présenté début mars se montait à un peu moins de 500 millions de dollars, soit un niveau à peu près équivalent à celui de cette année, avec 26 milliards de dollars de dépenses additionnelles possibles.

Ce budget «soutient fortement nos programmes», par exemple celui emblématique pour l'avion de chasse F-35, a-t-elle souligné.

Les commandes américaines de nouveaux appareils devraient ainsi augmenter de 20% cette année et de 30% en 2015.

Le F-35 commence aussi à séduire des pays étrangers: il a notamment été retenu ce trimestre par la Corée du Sud, même si ce contrat «de plusieurs milliards de dollars» doit encore être formalisé, selon Mme Hewson. Elle a noté que ce type de contrats internationaux «aidait à mitiger les pressions représentées par les budgets limités» aux États-Unis.

Plusieurs analystes relèvent qu'au-delà de la performance opérationnelle, les résultats par action sont aussi soutenus par d'importants programmes de rachats de titres.

Rien que sur les trois premiers mois de l'année, Lockheed Martin a encore racheté pour 1,1 milliard de dollars de ses propres actions.

Les coupes budgétaires n'avaient pas empêché Lockheed Martin de terminer 2013 avec un carnet de commandes record de 82,6 milliards de dollars. Il est retombé à 79,6 milliards de dollars fin mars, dont 26,5 milliards pour la division aéronautique, mais le directeur financier David Burritt s'est dit optimiste sur les chances de repasser au-dessus de 80 milliards d'ici la fin de l'année.

La division aéronautique, la plus grosse du groupe, a augmenté son bénéfice d'exploitation de 4% à 393 millions de dollars au premier trimestre, et ses ventes de 6% à 3,4 milliards. Lockheed dit avoir écoulé sur la période davantage de chasseurs F-16 et F-35, ainsi que de gros avions de transport C-5, mais moins d'exemplaires d'un autre appareil de transport militaire, le C-130 Hercules.

La division dont le chiffre d'affaires a le plus baissé, de 11% à 1,6 milliard de dollars, est celle de «systèmes de mission et d'entraînement». Le groupe invoque de moindres ventes de systèmes et de capteurs pour la défense aérienne entre autres. Le bénéfice d'exploitation a toutefois bondi de 24% à 250 millions de dollars.

L'action Lockheed Martin perdait 1,45% à 159,15 dollars vers 16H40 GMT.