Le recul du dollar canadien, combiné à la hausse des prix de l'énergie ainsi qu'à celle du salaire minimum en Ontario, risquent fort probablement de continuer à faire grimper le prix de certains items chez l'épicier Metro (T.MRU).

Au cours du deuxième trimestre, la société montréalaise a bénéficié d'une augmentation de 0,25 % des prix, ce qui n'a pas empêché ses ventes de progresser de 1,7 %, à 2,55 milliards de dollars, alors que celles magasins ouverts depuis au moins un an ont grimpé de 1 %.

Le président et chef de la direction de Metro, Éric La Flèche, a expliqué mercredi que la féroce concurrence entre les détaillants avait empêché l'entreprise québécoise de refiler à ses clients l'augmentation des prix de certains items, comme la viande et les fruits et légumes.

Ce dernier a cependant indiqué aux analystes, au cours d'un appel téléphonique sur les résultats du deuxième trimestre, que les pressions inflationnistes, ainsi que le repli du huard, pourraient bien changer la donne à l'avenir.

«Pour l'instant, (les prix) de nos fournisseurs ne nous mettent pas de pression, mais si la tendance se maintient, cela pourrait changer», a souligné M. La Flèche.

La société établie à Montréal a réduit sa marge bénéficiaire d'exploitation au deuxième trimestre afin de demeurer concurrentielle. Celle-ci s'est ainsi établie à 19,5 %, comparativement à 19,8 % à la même période l'an dernier.

La hausse du salaire minium en Ontario, qui passera de 10,25 $ à 11 $ l'heure à compter du 1er juin, pourrait également influencer Metro dans ses décisions sur les prix de ses produits, même si les salaires de la majorité de ses employés syndiqués sont déterminés par des conventions collectives.

«Cette hausse du salaire minium pourrait accentuer la pression inflationniste, a dit le PDG de Metro. Les autres joueurs dans le secteur de l'alimentation, ainsi que les fournisseurs, seront également touchés.»

Au Québec, le salaire minimum augmentera de 20 cents par heure, à 10,35 $, dès le 1er mai.

Le dirigeant de Metro a également souligné que l'épicier avait été en mesure de garder la tête hors de l'eau malgré les conditions hivernales rigoureuses au Québec et en Ontario, qui ont notamment entraîné la fermeture temporaire de certains magasins.

«Ça été extrêmement froid au cours de l'hiver, a rappelé M. La Flèche aux analystes. Nos promotions ont dû être efficaces parce que nous n'avons pas trop ressenti les baisses d'achalandages.»

Ce dernier a reconnu que les ventes de certains magasins ont souffert, mais que la situation a finalement été moins pire que prévu. «On ne récupère jamais l'achalandage (perdu), mais nous avons tenu bon», a dit M. La Flèche.

Pour le trimestre clos le 15 mars, le bénéfice net de Metro a été de 96,9 millions de dollars, en baisse par rapport à celui de 362,7 millions de dollars de la même période en 2013, pour laquelle l'entreprise avait réalisé un gain non récurrent de 266,4 millions découlant d'un placement dans Alimentation Couche-Tard [[|ticker sym='T.ATD.B'|]].

En excluant ce gain ainsi que la vente d'un entrepôt à Québec, le bénéfice ajusté de l'épicier s'est chiffré à 96,9 millions de dollars, ou 1,07 $ l'action, par rapport à 96,4 millions, ou 98 cents par action, au même moment en 2013.

Le bénéfice ajusté par action de l'épicier a été supérieur de 5 cents à celui attendu par les analystes.

«Nous voulons augmenter notre base de clients loyaux, a indiqué M. La Flèche. Nous voulons qu'ils continuent à dépenser davantage chez nous. C'est une combinaison de promotions qui nous permettent de bien faire dans un marché concurrentiel.»

L'analyste Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, a souligné que les profits ajustés de l'épicier avaient dépassé les attentes, contrairement à son résultat avant intérêts, impôts et amortissement, qui a reculé de 4,3 %, à 168,7 millions de dollars - en deçà de la prévision de 172,8 millions de dollars des analystes.

«Le deuxième trimestre présente d'intéressantes progressions qui suggèrent que la décision de Metro de sacrifier des profits pour protéger ses ventes fonctionne», écrit l'analyste dans un rapport.

Metro fait face à une féroce concurrence, surtout en Ontario, en raison de la présence de Loblaws [[|ticker sym='T.L'|]] et Sobeys [[|ticker sym='T.EMP'|]], alors que sa bannière à rabais Food Basics doit tenir compte d'une expansion de Wal-Mart ainsi que de l'ouverture de magasins Target.

L'entreprise a par ailleurs indiqué qu'elle versera un dividende de 30 cents par action le 6 juin prochain, soit 20 % de plus qu'au deuxième trimestre de l'exercice 2013.

À la Bourse de Toronto, l'action de Metro a gagné mercredi 1,58 $, pour clôturer à 65,86 $.

L'épicier québécois emploie plus de 65 000 personnes au Québec et en Ontario. Il exploite plus de 600 magasins, sous les bannières Metro, Metro Plus, Super C et Food Basics en plus de 250 pharmacies réunies entre autres sous les bannières Brunet et Brunet Plus.