La banque JPMorgan Chase a commencé l'année sous de mauvais auspices, lâchée par un ralentissement dans le courtage et l'immobilier, deux activités qui lui avaient servi de vaches à lait depuis la crise.

La première banque américaine en termes d'actifs a vu son bénéfice net baisser de 18,5 % sur un an au premier trimestre à 5,3 milliards de dollars, selon un communiqué publié vendredi.

Par action, le bénéfice courant hors éléments exceptionnels, mesure la plus suivie par les investisseurs, ressort à 1,28 dollar, nettement moins que le 1,40 dollar attendu par les analystes.

Le chiffre d'affaires a reculé de 8 % sur un an à 23,9 milliards de dollars, alors que les analystes anticipaient en moyenne une baisse moins prononcée, à 24,53 milliards.

Cette performance décevante s'explique par de faibles revenus et une hausse des provisions due à une détérioration de la qualité du crédit. Leur montant s'élève à 850 millions de dollars (en hausse de 233 millions).

La nouvelle a été très mal accueillie par les investisseurs, d'autant que JPMorgan est considéré comme le thermomètre de la santé du secteur bancaire et financier aux États-Unis: l'action reculait de 3,41 % à 54,44 dollars vers 11 h 50.

Sa rivale Wells Fargo, qui lui a ravi le titre de banque de Wall Street la plus rentable l'an dernier, affiche a contrario une santé insolente (+14 % à 5,6 milliards de dollars du bénéfice trimestriel), grâce à des défauts moins fréquents de ses débiteurs.

La faute à la Fed?

«C'est un démarrage d'année très difficile», ont commenté les analystes de Citigroup, montrant du doigt les activités de courtage dont les revenus ont baissé de 17 %, soit un peu plus que le recul de 15 % anticipé par l'établissement en février.

Le plus inquiétant pour la banque c'est que sa plus grande source de revenus, les activités obligataires, de changes et de matières premières, regroupées au sein de la division «Revenus Fixes», ont vu leur chiffre d'affaires plonger de 21 %, à 3,8 milliards de dollars. C'est leur plus mauvaise performance depuis la crise financière.

En cause, une conjoncture défavorable aux marchés des taux: la division Revenus Fixes avait été portée jusque là par une politique monétaire accommodante, notamment de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui touche à sa fin.

Depuis que l'environnement est à une normalisation des primes de risques et à un regain d'intérêt des investisseurs pour les actions, la donne a changé.

Dans le même temps, ces activités, par essence très risquées, sont frappées de plein fouet par les réglementations adoptées dans le sillage de la crise, de Bâle III à la réforme de la réglementation financière américaine.

La règle de Volcker interdit notamment aux banques la gestion pour compte propre à compter de juillet 2015, une interdiction qui vise directement l'activité obligataire.

«Comme je l'ai déjà dit dans ma lettre aux actionnaires cette semaine, nous allons faire des efforts énormes en 2014 pour nous adapter à la nouvelle architecture financière mondiale», a répété vendredi le PDG Jamie Dimon.

Chute des prêts

Autre épine pour la banque: l'activité de prêts immobiliers, dont les bénéfices ont été divisés par plus de quatre en un an, à 114 millions de dollars, du fait d'une hausse des provisions sur les prêts non recouvrés.

Le volume des prêts immobiliers octroyés a chuté de 68 % au premier trimestre comparé à la même période de l'année dernière.

Dans sa missive aux actionnaires, M. Dimon a prévenu que du fait de la réforme bancaire, JPMorgan allait sans doute exiger des classes moyennes et pauvres qu'elles paient davantage si elles veulent obtenir un prêt.

Cette décision s'inscrit dans un contexte de morosité du secteur immobilier affecté par une remontée des taux d'intérêt qui dissuadent les emprunteurs de refinancer leurs prêts. Une situation qui a conduit JPMorgan à envisager de supprimer 6.000 postes dans cette division cette année.