Des résultats forts au quatrième trimestre ont permis au Mouvement Desjardins de rattraper la faiblesse des précédents et de terminer l'exercice avec un bénéfice de 1,53 milliard de dollars, en faible hausse de 1,7%.

Il s'agit d'un gain minime de 26 millions par rapport aux résultats de fin d'exercice 2012. De plus, ce gain provient entièrement des trois derniers mois de 2013, alors que le bénéfice trimestriel a bondi de 44 millions, ou 14%, en un an pour s'établir à 351 millions.

Selon la présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, les résultats de 2013 témoignent néanmoins d'une «excellente performance» pour le géant coopératif des services financiers.

D'autant plus, dit-elle, que cette performance a été bien répartie parmi toutes les composantes de Desjardins, des caisses populaires jusqu'aux grosses filiales d'assurances.

Aussi, Desjardins a maintenu une croissance rentable de son actif - de 196 à 212 milliards - malgré la concurrence accrue des banques dans son fief québécois, particulièrement dans les prêts aux particuliers.

«Certaines banques semblent avoir redécouvert le Québec ces dernières années. Et comme Desjardins a la plus grande part du marché, on s'en ressent un peu plus», a confié Mme Leroux à La Presse, hier, après l'annonce des résultats de fin d'exercice 2013. Voici la suite de cet entretien, résumée en cinq questions.

Q Quelles sont vos plus grandes satisfactions des résultats annuels de 2013?

R Nos revenus d'exploitation et nos portefeuilles de prêts sont en hausse de 6%. Et en termes de rentabilité, tous nos secteurs d'affaires ont été au rendez-vous.

Nos caisses populaires ont aussi bien tiré leur épingle du jeu, alors que nous avons continué d'introduire de nouveaux services pour nos membres, notamment sur les plateformes électroniques (internet, mobile, etc.).

Quant à notre actif total, nous l'avons haussé de 8%, à 212 milliards, tout en établissant des partenariats d'affaires hors Québec à bon potentiel de croissance. Enfin, nous avons pu continuer de renforcer notre capitalisation, ce qui est très important pour tout le Mouvement Desjardins.

Q En contrepartie, vos plus grandes déceptions de 2013?

R Ça tient surtout à la conjoncture économique mondiale qui suscite encore des préoccupations et une certaine volatilité sur les marchés financiers, malgré l'année forte en Bourse.

Et au Québec en particulier, la croissance économique n'est pas aussi forte qu'elle pourrait l'être. Je la considère comme un peu molle même en comparaison de ce qui se passe dans d'autres provinces comme l'Alberta.

Dans ce contexte, chez Desjardins, nous demeurons extrêmement prudents dans notre gestion des principaux paramètres financiers.

Q Quels sont vos principaux défis pour cet exercice 2014?

R D'abord, c'est de réussir l'intégration des partenariats et des acquisitions que nous avons faits récemment, dont QTrade (courtage à escompte), Western Financial, Monetico avec le Crédit Mutuel (France) et State Farm (assurances de dommages en Ontario et dans l'Ouest).

Ensuite, nous devons toujours rester à l'affût des besoins des membres en termes d'innovations dans les services financiers, notamment en ce qui concerne les plateformes d'accès électroniques.

Ces innovations requièrent des investissements importants, mais elles sont aussi de plus en plus utilisées par nos membres.

Q La loi québécoise sur les coopératives financières est en processus de modifications. Quelles priorités pour Desjardins?

R C'est d'abord que Desjardins puisse avoir tous les mécanismes de gestion pour être robuste dans un contexte de plus en plus exigeant, en termes de capitalisation notamment.

En ce sens, les changements proposés à la loi, comme le resserrement des mécanismes d'intersolvabilité entre les caisses et la Fédération, visent surtout à renforcer la sécurité des actifs de nos membres.

Par ailleurs, Desjardins doit avoir une certaine flexibilité de gestion et de structure pour favoriser son développement, tout en pouvant être aussi performant que nos concurrents bancaires.

Q Des membres des caisses populaires se préoccupent de leurs services locaux. Aussi du niveau des ristournes, en baisse significative en 2013. Qu'avez-vous à leur dire?

R Pour les ristournes, ça résulte surtout des calculs faits dans chaque caisse en fonction de leurs résultats et de leurs besoins de capitalisation.

Pour tout Desjardins, le renforcement de la capitalisation demeure aussi un objectif fondamental. Nous avons d'ailleurs lancé une autre émission de parts de 500 millions, qui est rendue à 180 millions environ.

Quant aux préoccupations sur les points de services, il faut souligner que Desjardins demeure de loin le plus présent dans l'ensemble de la province, même dans les marchés peu lucratifs dont nos concurrents bancaires sont absents.

En contrepartie, nous ne pouvons rester dans le statu quo et nous devons prendre les meilleures décisions en fonction de la majorité de nos membres.

Or, quand on regarde les tendances d'utilisation, ils vont de moins en moins aux comptoirs des caisses et aux guichets automatiques pour leurs transactions, mais utilisent de plus en plus les nouveaux services par internet, par appareils mobiles et par paiement direct.

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LA PERFORMANCE FINANCIÈRE DU MOUVEMENT DESJARDINS

Au quatrième trimestre terminé le 31 décembre 2013

- Revenus d'exploitation: 3,16 milliards (+ 9,3% en un an)

- Excédent avant ristournes: 351 millions (+ 14,3%)

- Rendement des capitaux propres: 8,6% (+ 1,4 point)

> Actif: 212 milliards (+ 7,7%)

Pour tout l'exercice 2013

- Revenus d'exploitation: 11,95 milliards (+ 5,8% en un an)

- Excédent avant ristournes: 1,53 milliard (+ 1,7%)

- Ristournes aux membres: 171 millions (- 38%)

- Rendement des capitaux propres: 9,4% (- 0,8 point)