Le coût du programme de la CSeries de Bombardier (T.BBD.B) devrait atteindre 4,4 milliards $ puisque le report des premières livraisons devrait se traduire par l'injection d'un montant supplémentaire de 1 milliard $.

En raison du délai, annoncé le mois dernier, l'entrée en service du CS100 devrait se faire au cours de la deuxième moitié de 2015 et les livraisons du CS300 devraient suivre six mois plus tard.

Bombardier prévoit ainsi investir 750 millions $ dans le programme de la CSeries d'ici 2016 en plus de comptabiliser une charge d'intérêts estimée à 300 millions $. Initialement estimé à 3,4 milliards $, le coût du programme était passé à 3,9 milliards $ en raison de l'application de nouvelles règles comptables.

Malgré l'augmentation des coûts, le président et chef de la direction de Bombardier, Pierre Beaudoin, ne croit pas que le succès financier de l'aventure soit compromis.

«Avec les investissements que nous faisons, nous sommes en train de bâtir un dossier solide (pour l'avion)», a-t-il expliqué, jeudi, au cours d'une conférence téléphonique concernant les résultats du quatrième trimestre de la société.

M. Beaudoin n'a pas voulu dévoiler combien d'appareils devront être vendus afin d'atteindre le seul de la rentabilité, ajoutant que le programme de la CSeries devrait générer des revenus annuels de 5 milliards $ à 8 milliards $.

«Nous entrons dans une ère de revenus plus solides qui transformera notre entreprise, a-t-il dit. Nos investissements vont bientôt rapporter des dividendes.»

Toutefois, même si les revenus de Bombardier ont progressé au quatrième trimestre, terminé le 31 décembre dernier, cela n'a pas empêché l'entreprise québécoise de rater la cible des analystes.

Le bénéfice net de Bombardier a été de 97 millions $, ou cinq cents l'action, comparativement à une perte nette de 4 millions $, ou un cent l'action, au même trimestre en 2012.

Cependant, sur une base ajustée, le bénéfice a été de 129 millions $, ou sept cents l'action, au quatrième trimestre, en recul comparativement à 181 millions $ à la même période l'an dernier.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient sur une performance de 11 cents l'action pour le quatrième trimestre.

Les investisseurs n'ont pas bien accueilli ces résultats et ont fait plonger le titre de Bombardier à la Bourse de Toronto. Il a clôturé à 3,68 $, en baisse de 36 cents, soit 8,9 pour cent.

Quant aux revenus de l'entreprise, ils ont été de 5,3 milliards $ pour la période terminée le 31 décembre, en progression par rapport à 4,6 milliards $ l'année précédente.

Il s'agissait du premier dévoilement de résultats financiers pour Bombardier depuis que l'entreprise a reporté ses premières livraisons de CSeries en plus d'annoncer le licenciement de 1700 employés de sa division aéronautique en Amérique du Nord.

Les essais en vol de l'appareil totalisent jusqu'ici quelque 100 heures, loin des 2400 heures requises pour obtenir la certification de Transports Canada. M. Beaudoin espère convaincre l'organisme fédéral de prendre en considération les essais effectués au sol.

Depuis la commande de cinq CS300 annoncée la semaine dernière, Bombardier a reçu un engagement pour 445 appareils de la CSeries, dont 201 commandes fermes. L'avionneur espère obtenir 300 commandes fermes avant les premières livraisons.

La société a livré 60 appareils d'affaires et 21 avions commerciaux au quatrième trimestre, comparativement à 60 avions d'affaires et 16 appareils commerciaux au même trimestre en 2012.

M. Beaudoin est également revenu sur sa décision de repousser à la deuxième moitié de 2015 les livraisons des premiers CS100. «Nous avons un horaire, a-t-il expliqué. On a évidemment repassé le tout d'un bout à l'autre avant d'annoncer la date.»

Il n'a cependant pas assuré que ce nouveau délai serait le dernier. «J'ai très confiance», a simplement indiqué M. Beaudoin.

Malgré le report des premières livraisons, Bombardier considère toujours posséder un avantage sur ses concurrents.

«À ce que je sache, aucun de nos concurrents développe actuellement un avion dans la même catégorie que la CSeries», a dit M. Beaudoin, faisant référence à Embraer, Boeing et Airbus, qui s'affairent à repenser des appareils existants.

La division aéronautique de Bombardier a réalisé des profits de 93 millions $ au quatrième trimestre sur des revenus de 2,9 milliards $. À la même période en 2012, les profits avaient été de 84 millions $ sur des revenus de 2,6 milliards $.

Quant aux profits de sa division transport, ils ont été de 92 millions $, sur des revenus de 2,45 milliards $ au quatrième trimestre, en progression par rapport à 83 millions $, sur des revenus de 2,03 milliards $, au trimestre correspondant de l'exercice précédent.

Les marges de la division aéronautique (3,2 %) et de la division transport (3,8 %) ont toutefois été inférieures aux prévisions des analystes, a souligné dans un rapport Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux.