Le constructeur aéronautique américain Boeing (BA) a déçu Wall Street mercredi avec ses prévisions pour 2014, qui ont éclipsé de bons résultats 2013 soutenus par ses livraisons d'avions commerciaux.

À la Bourse de New York, l'action Boeing perdait 6,13% à 128,69 dollars vers 12 h 40.

Le marché sanctionnait des prévisions inférieures à ses attentes. Boeing table pour 2014 sur un bénéfice par action hors exceptionnels, la référence aux États-Unis, entre 7 et 7,20 dollars, et sur un chiffre d'affaires de 87,5 à 90,5 milliards.

Les analystes espéraient en moyenne un bénéfice par action de 7,57 dollars et un chiffre d'affaires de 92,72 milliards de dollars.

Cela a fait passer au second plan l'annonce d'une augmentation du bénéfice net de 18% à 4,6 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année dernière, et même de 26% au quatrième trimestre où il a atteint 1,2 milliard.

Le bénéfice par action hors exceptionnels a dépassé au dernier trimestre les attentes des analystes, à 1,88 dollars.

Le chiffre d'affaires a également progressé plus que prévu, de 6% à 86,6 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année et de 7% à 23,8 milliards sur les trois derniers mois.

«Notre division d'avions commerciaux a accéléré la livraison de son carnet de commandes record en augmentant ses cadences de production», a souligné le PDG du groupe, Jim McNerney, cité dans le communiqué.

Les livraisons annuelles de cette division sont en hausse de 8%, tout comme son chiffre d'affaires qui a atteint près de 53 milliards de dollars.

Environnement difficile dans la défense

Boeing compte sur de nouveaux progrès cette année dans ses activités civiles, avec la livraison anticipée de 715 à 725 avions commerciaux cette année contre 648 l'an dernier.

Il prévoit en particulier de livrer 110 exemplaires du 787 «Dreamliner», après 65 en 2013. Les débuts de cet avion ont été marqués par une série de problèmes techniques, notamment des surchauffes de batterie qui avaient cloué au sol pendant trois mois début 2013 la totalité des appareils déjà livrés à des compagnies aériennes.

Boeing anticipe en revanche un recul cette année du chiffre d'affaires de sa division d'espace et de défense, attendu entre 30 et 31 milliards de dollars.

L'an dernier, elle a vu son chiffre d'affaires global progresser de 2% à 33,2 milliards de dollars, mais il s'est replié de 1% sur le segment des appareils militaires, où Boeing est confronté comme les autres groupes de défense aux réductions de dépenses du Pentagone.

M. McNerney s'est félicité lors d'une conférence avec des analystes de l'accord trouvé en fin d'année dernière par les parlementaires américains sur le budget fédéral des deux années à venir, qui «fournit à nos clients au moins un horizon de planification à court terme».

Avec cet accord, qui reporte en partie l'impact des coupes, «il y a du soulagement pour 18 à 24 mois», a-t-il précisé, appelant néanmoins à avoir «un débat rationnel» sur la question.

«Nous restons très inquiets de l'incertitude budgétaire à long terme, des conséquences des coupes sur la sécurité nationale, et du potentiel impact dévastateur sur la base industrielle de la nation», a-t-il fait valoir.

Le cabinet de recherche Trefis soulignait encore mardi que Boeing était «particulièrement vulnérable à ces coupes» dans les budgets du Pentagone «car le gouvernement représente plus de 80% de ses revenus totaux dans la défense».

Boeing s'efforce d'ailleurs de renforcer la part de ses clients étrangers qui représentait 37% de son carnet de commandes dans ce secteur fin décembre.

Toutes activités confondues, ce carnet atteint 441 milliards de dollars, dont 374 milliards correspondent aux commandes de 5.080 avions commerciaux.

M. McNerney est par ailleurs revenu sur des nominations annoncées en septembre et interprétées comme les préparatifs de sa succession. Dennis Muilenburg, le patron de la branche défense promu directeur d'exploitation, est désormais considéré par les analystes comme son principal dauphin.

«Je n'ai pas l'intention de prendre ma retraite tout de suite», a toutefois assuré mercredi le PDG.