Le Canadien Pacifique a présenté de nouvelles offres à ses chefs de train, mécaniciens et agents d'entretien de la signalisation, vendredi soir, évitant de justesse la grève générale illimitée qui devait être déclenchée quelques heures plus tard dans l'ensemble du pays.

Mais ce n'est que partie remise, martèlent les dirigeants syndicaux, qui invitent les travailleurs à rejeter ces offres finales.

L'entreprise ferroviaire a pourtant annoncé être parvenue à une entente, tant avec ses 3000 chefs de train et mécaniciens syndiqués à la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, que les 365 membres du conseil de réseau no. 11 de la Fraternité internationale des ouvriers en électricité.

Le président et chef de la direction du Canadien Pacifique, Keith Creel, a remercié les deux syndicats pour «leur dur labeur, leur collaboration et leur ouverture à résoudre cette situation» sans débrayer.

Or, la grève n'est que reportée jusqu'à ce que les syndiqués se prononcent sur ces offres patronales, après quoi ils «seront libres d'exercer leur droit de grève», a signalé Teamsters Canada dans un communiqué.

En entrevue avec La Presse canadienne, le directeur aux affaires publiques du syndicat, Christopher Monette, a tenu à souligner que ce vote, dont la date reste à être déterminée, leur a été imposé.

C'est sur la recommandation des médiateurs fédéraux que le ministère canadien du Travail a sommé les travailleurs d'entériner ou de rejeter les offres patronales avant le déclenchement de la grève.

«Le CP a réussi à retarder l'inévitable», a déclaré par communiqué le président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, Doug Finnson.

«Le fait que CP pensent que leur offre a la moindre chance d'être ratifiée montre le point auquel ils sont déconnectés de leurs employés», a renchéri Steve Martin, l'officier principal de la Fraternité internationale des ouvriers en électricité.

Aucun détail n'a été fourni sur la nature de la proposition patronale, mais les syndicats ont précisé qu'elle ne répond pas à leurs attentes en matière de salaires et de gestion de la fatigue.

Tard en soirée, la ministre du Travail Patty Hajdu a déclaré avoir encouragé les deux parties «à poursuivre leur travail afin d'en venir à une entente équitable qui permettrait d'éviter toute interruption des services».

«Je demanderai au Conseil canadien des relations industrielles de tenir un vote sur les dernières offres que les membres des unités de négociation ont reçues», a-t-elle précisé

Plus tôt vendredi, Christopher Monette ne faisait d'ailleurs état d'aucun progrès à la table de négociation.

Les relations de travail au Canadien Pacifique sont difficiles depuis quelque temps déjà. Le syndicat des Teamsters affirme que le nouveau mode de gestion, axé sur l'accroissement de la productivité, pose des problèmes de santé et de sécurité, de la fatigue, voire de l'épuisement chez ses membres.

Le syndicat des Teamsters montre du doigt les compressions budgétaires, des mises à pied et des mesures disciplinaires qu'il juge «excessives». Il affirme que 8000 griefs ont été déposés, alors qu'il y a 3000 membres dans son unité d'accréditation.

Du côté de la direction, on assure avoir à coeur la sécurité du public et la santé et la sécurité des travailleurs.

Le CP rappelle qu'il a déjà réussi à s'entendre avec d'autres syndicats jusqu'en 2022, avec la division des préposés à l'entretien des voies de la Conférence ferroviaire des Teamsters, de même qu'avec le Syndicat des Métallos et l'Association des policiers du Canadien Pacifique.