L'usine Bombardier de La Pocatière obtient un autre sursis: VIA Rail lui accorde un contrat de 54 millions pour moderniser une partie de sa flotte de wagons datant des années 1950.

L'annonce a été faite mardi après-midi sur place par le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, et le grand patron de VIA, Yves Desjardins-Siciliano.

Le contrat permettra d'assurer le maintien de 80 à 100 emplois sur les 615 que comptent ces installations, jusqu'à la fin 2020. C'est un «petit contrat» pour cette usine, mais «non négligeable», a-t-on assuré au syndicat.

Néanmoins environ 200 licenciements sont à prévoir l'automne prochain. C'est la conséquence de la fin du contrat des rames de métro Azur de la Société de transport de Montréal (STM) au terme de 2018. De surcroît, Bombardier n'a pas obtenu le contrat du matériel roulant du Réseau express métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement à Montréal.

Le contrat accordé par VIA vise notamment à rendre 17 wagons entièrement accessibles aux personnes handicapées. Chaque voiture reconfigurée sera équipée de deux élévateurs pour fauteuils roulants, de deux espaces accessibles avec dispositifs d'ancrage, d'écrans d'affichage dans la zone passagers et dans la toilette et d'une toilette accessible.

Dans une allocution, Yves Desjardins-Siciliano a admis que par le passé les investissements pour les personnes qui ont des limitations ont été «négligés».

Les travaux pour ces wagons devraient commencer d'ici quelques mois et les premières voitures devraient être livrées en 2020.

Le contrat a été accordé au terme d'un appel d'offres «rigoureux», a tenu à souligner la présidente du conseil d'administration de VIA, Françoise Bertrand.

Bombardier reluque toutefois d'autres contrats chez VIA Rail pour assurer la survie de son usine de La Pocatière. Le transporteur ferroviaire fédéral a annoncé en mars qu'il remplacera toute sa flotte de locomotives et wagons dans le corridor Québec-Windsor, sa ligne la plus achalandée.

VIA Rail va émettre un appel d'offres sur les marchés internationaux à ce propos dans les prochaines semaines, a précisé M. Desjardins-Siciliano en point de presse.

«L'expertise existe ici, à La Pocatière, nous allons compétitionner comme tout le monde et j'ai confiance en mon équipe», a déclaré le représentant de Bombardier, David Van der Wee, en point de presse.

Le syndicat des employés de l'usine, affilié à la CSN, entretient des attentes élevées à l'égard du premier ministre Philippe Couillard, qui a fait miroiter d'autres débouchés. Le gouvernement envisageait notamment de devancer le remplacement d'autres rames de métro à Montréal, mais également, le futur tramway de la ville de Québec, un projet de 3 milliards. M. Couillard a dit s'occuper personnellement du sort de l'usine.

«Notre bon premier ministre est censé nous donner des nouvelles, nous, on ne l'a pas oublié», a affirmé le président du syndicat, Mario Guignard, en mêlée de presse.

Il a reconnu que le contrat annoncé par VIA n'est pas suffisant pour assurer l'avenir de l'usine à moyen terme.

«VIA Rail va faire le pont vers d'autres contrats, a-t-il poursuivi. C'est un petit contrat, mais ce n'est quand même pas négligeable.»