La rémunération globale des dirigeants de Bombardier a grimpé de 7 %, à 33,4 millions de dollars US, en 2017, une année marquée par une amélioration des résultats, mais aussi par la prise du contrôle de la C Series par Airbus - qui n'a pas eu à verser un sou.

Cet exercice a également été le dernier tour de piste de Laurent Beaudoin, architecte du constructeur d'avions et de trains, qui, après avoir été administrateur pendant 43 ans, quittera le conseil d'administration.

Celui qui était président émérite du conseil n'a pas l'intention d'être candidat à sa réélection, peut-on lire dans la circulaire de sollicitation destinée aux actionnaires de Bombardier et déposée vendredi auprès des autorités réglementaires en vue de l'assemblée annuelle du 3 mai.

En tenant compte du départ de l'homme d'affaires qui aura 80 ans le 13 mai, neuf des 14 candidats au conseil d'administration sont considérés comme des membres indépendants qui ne font pas partie de la famille Beaudoin-Bombardier. Celui-ci quittera le conseil le 3 mai.

La rémunération globale de 33,4 millions US en 2017 tient compte du montant total de 2,6 millions US obtenu par Pierre Beaudoin, qui a été président exécutif du conseil d'administration - un rôle qui lui permettait d'être impliqué dans la gestion des activités quotidiennes - jusqu'au 30 juin. Depuis, le petit-fils de Joseph-Armand Bombardier préside le conseil.

En excluant les montants octroyés à Pierre Beaudoin, la rémunération globale des cinq plus hauts dirigeants de Bombardier a affiché une progression de 12 % par rapport à l'exercice 2016.

Un peu vite

Pour le directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP), Michel Nadeau, Bombardier aurait pu patienter davantage avant de consentir à une hausse des émoluments.

« On aurait pu attendre que les résultats de ventes de la C Series soient au rendez-vous, a-t-il expliqué au cours d'un entretien téléphonique. Les attentes des Québécois, c'est dans les ventes de la C Series. »

La rémunération des patrons de Bombardier a fait les manchettes à maintes reprises depuis un an en raison de la vive controverse déclenchée au sein de l'opinion publique à la suite du montant global octroyé à ses cadres en 2016.

À l'époque, les importantes restructurations ayant mené à l'élimination de milliers de postes ainsi que l'injection de 1,3 milliard de dollars CAN dans la C Series par le gouvernement Couillard avait donné lieu à un barrage de critiques à l'endroit des pratiques de gouvernance en vigueur au sein de l'entreprise.

« Plus de 80 % de la rémunération totale directe cible pour 2017 est à risque en ce qui concerne le président et chef de la direction et les autres membres de la haute direction visés de la société », explique Bombardier dans son document.

Hausses et primes

Le président et chef de la direction, Alain Bellemare, a vu sa paye totale atteindre 10,63 millions US, ce qui constitue une hausse de 12 %. Sa prime annuelle a bondi de 33,6 %, à 3,15 millions US. Le diplômé en génie mécanique de 56 ans a également touché une « autre rémunération » de 2,2 millions US, dont 1,41 million US visant à pallier la fluctuation du dollar canadien et couvrir des frais de déménagement au Québec.

Au total, les primes au rendement des cinq principaux dirigeants de la multinationale ont atteint 7 millions US.

Dans la circulaire, Bombardier explique notamment que ses dirigeants ont dépassé des cibles fixées en générant un résultat avant charges de financement, revenus de financement et impôts de 672 millions US, alors que l'objectif fixé était de 580 millions US. De plus, l'entreprise a dépensé moins de liquidités que ce qui était anticipé, soit environ 786 millions US.

« C'est normal que les résultats s'améliorent, a commenté M. Nadeau, directeur général de l'IGOPP. Quand on termine le développement d'appareils [comme c'est le cas avec la C Series et le Global 7000], on a moins recours aux liquidités. »

Bombardier a terminé l'année financière en réduisant sa perte nette à 553 millions US, ou 25 cents US par action, alors que ses revenus sont demeurés stables, à 16,2 milliards US. L'entreprise a toutefois engrangé un profit ajusté de 63 millions US, ou trois cents US par action, comparativement à une perte ajustée de 268 millions US, ou 15 cents US par action, en 2016.

Au cours de la dernière année, l'action de catégorie B de l'avionneur a pris environ 80 % à la Bourse de Toronto. Elle a terminé la semaine à 3,77 $, en recul d'un cent, ou 0,26 %.