La grève d'une durée de trois ans est bel et bien terminée chez Delastek à Shawinigan. Il s'agit de la plus longue grève qui avait cours présentement au Québec; elle avait débuté le 1er avril 2015.

À l'occasion d'une assemblée, vendredi matin, les travailleurs, membres de la section locale 1209 du syndicat Unifor, affilié à la FTQ, ont accepté dans une proportion de 88% le règlement qui leur a été soumis.

Le protocole de retour au travail prévoit le rappel de 25 travailleurs. Le retour au travail aura lieu dès lundi matin pour 10 d'entre eux, puis le 26 mars pour neuf travailleurs, et le 16 avril pour les autres, a expliqué au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne Renaud Gagné, directeur québécois d'Unifor-FTQ.

Si les besoins de production sont plus grands, d'autres travailleurs pourront être rappelés.

Les points toujours en litige, dont les salaires, ont été référés à un arbitre - ce qui prendra donc encore un certain temps. «Mais une chose est sûre, c'est que c'est garanti et que ce sera rétroactif», a précisé M. Gagné.

Jugements déterminants

Le dirigeant syndical affirme que les travailleurs «sont contents d'avoir gagné sur toute la ligne».

Selon lui, les deux jugements du Tribunal administratif du travail, rendus vendredi dernier, ont été déterminants. «La lumière s'est faite avec les décisions. Tout le monde aujourd'hui peut dire: on ne s'est pas battu pour rien», a opiné M. Gagné.

Dans l'un de ces jugements, le tribunal avait annulé une vingtaine de congédiements de travailleurs et ordonné à Delastek de rétablir leur lien d'emploi. Le tribunal avait statué que Delastek avait «manqué à son obligation de négocier de bonne foi», qu'il avait «entravé les activités d'Unifor» et qu'en abolissant ces postes, Delastek avait «cherché à contraindre les salariés de cesser d'être membres de Unifor et de cesser d'exercer leur droit de grève».

Dans le second jugement, un autre juge avait ordonné à Delastek de cesser d'employer des briseurs de grève. Et le tribunal parlait lui-même de «contraventions répétées aux dispositions anti-briseurs de grève» de la part de Delastek.

De l'aide

Le retour au travail, dans ces circonstances, pourrait être délicat.

«Tout le monde veut que ça fonctionne. On va avoir l'aide du ministère du Travail. Il y a des gens en médiation pour faire un exercice, pour se donner un plan d'action: comment on va communiquer» pour faciliter le retour à des relations de travail saines, a expliqué M. Gagné.

Jointe au téléphone, l'entreprise Delastek a fait savoir que le président, Claude Lessard, était absent jusqu'à lundi et que personne d'autre ne pouvait commenter la fin du conflit de travail.

Delastek est un fabricant de pièces destinées à l'industrie aéronautique et des transports. L'entreprise est spécialisée dans la conception et la fabrication de cabines de pilotage. Elle conçoit notamment celles qui sont destinées à la C Series de Bombardier et au Global 7000-8000.

Il s'agit bien du plus long conflit de travail qui avait cours au Québec. Le Secrétariat du travail indique que le second est chez Bérubé Chevrolet Cadillac Buick GMC à Rivière-du-Loup, où 13 travailleurs syndiqués à la CSD (Centrale des syndicats démocratiques) ont été mis en lock-out le 8 juillet 2016.