Air Canada cherche à réduire ses coûts et à se défendre contre la concurrence de ses rivaux à bas prix en ajoutant plus d'avions à la flotte de son transporteur Rouge pour qu'il desserve des vols régionaux à l'intérieur du Canada.

Les avions à fuselage étroit de Rouge, dont l'exploitation est moins dispendieuse, pourraient remplacer certains avions régionaux plus petits, exploités par des partenaires comme Jazz, sur certains vols.

Par exemple, un des multiples vols par jour vers une destination populaire pourrait être transféré à un avion Airbus, a expliqué le transporteur aux analystes de l'industrie.

Les avions de Rouge sont aussi disponibles pour concurrencer, si nécessaire, les transporteurs à très bas prix, comme la nouvelle filiale Swoop de WestJet, Flair Airlines ou Canada Jetlines.

«Nous devions avoir la capacité d'introduire un véhicule concurrentiel à plus faible coût, tant à l'attaque qu'à la défense», a expliqué le chef de la direction d'Air Canada, Calin Rovinescu, lors d'une conférence téléphonique pour discuter des plus récents résultats trimestriels de l'entreprise.

L'augmentation de l'utilisation des avions de Rouge pour les vols canadiens est permise en vertu des changements apportés l'an dernier à la convention collective des pilotes.

Plusieurs avions de Rouge seront mis à contribution cet été, et lorsque tous les Boeing 787 commandés par Air Canada auront été livrés l'an prochain, il n'y aura plus de limite au nombre ou au genre d'avions monocouloirs qui pourront être exploités par Rouge.

Ben Smith, président des lignes pour passagers d'Air Canada, a indiqué que les avions Airbus A320 et A321 de Rouge pouvaient notamment être convertis pour augmenter leur densité de sièges, ou remplacés sur certains vols par d'autres avions, comme le Boeing 737 Max.

Réduction des dépenses

Entre-temps, Air Canada a annoncé vendredi un nouveau plan de réduction des coûts de 250 millions, qui devrait être mis en place d'ici la fin de 2019. Il fait suite au plan de 500 millions annoncé en 2009, qui a éventuellement permis de réaliser des économies d'environ 575 millions.

Ce nouvel effort pour réduire les coûts survient alors que le transporteur montréalais cherche à conserver ses marges malgré le ralentissement attendu de la croissance de sa capacité, avec l'arrivée de ses derniers nouveaux avions de grande taille.

«Nous avons montré que nous pouvions réduire les coûts dans les mauvaises périodes, mais maintenant nous devons montrer que nous pouvons continuer à être disciplinés avec nos coûts même dans les bonnes périodes», a expliqué M. Rovinescu aux analystes.

Les réductions de coûts devraient provenir de l'approvisionnement, de l'entretien, des baux d'avions, de l'ingénierie interne et de la simplification des processus d'affaires, a ajouté le directeur financier, Michael Rousseau.

L'analyste Chris Murray, d'AltaCorp Capital, a estimé que cette nouvelle campagne d'efficacité était importante pour Air Canada puisque sa croissance devrait ralentir à environ sept pour cent en 2018, par rapport à près de 12 % en 2017, et que d'autres réductions étaient probables dans les années à venir.

Il s'attend à ce que les économies soient réalisées «à l'arrière-scène» et à ce que les passagers ne les remarquent pas.

Air Canada a terminé son exercice 2017 en affichant un bénéfice net ajusté de 61 millions, soit 22 cents par action, pour son quatrième trimestre. Les analystes visaient plutôt un bénéfice par action de 14 cents, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Les revenus d'exploitation du transporteur ont atteint 3,82 milliards au plus récent trimestre, un chiffre en hausse par rapport à celui de 3,43 milliards de la même période un an plus tôt et celui de 3,75 milliards attendu par les analystes.

Le bénéfice net était de 8 millions, soit 2 cents par action, pour le trimestre clos le 31 décembre. Cela se compare à une perte nette de 179 millions pour le dernier trimestre de 2016.

«Dans l'ensemble, nous avons aimé ce que nous avons vu dans les résultats du quatrième trimestre», a indiqué l'analyste Walter Spracklin, de RBC Dominion valeurs mobilières, dans une note à ses clients.

L'action d'Air Canada a gagné vendredi 31 cents à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 24,64 $. Elle a grimpé d'environ 90 % dans les 12 derniers mois.