Boeing veut analyser les motifs qui ont incité la Commission américaine sur le commerce international (USITC) à trancher en faveur de Bombardier dans le dossier de la C Series avant d'évaluer ses options - incluant le dépôt d'une nouvelle plainte.

Son chef de la direction, Dennis Muilenburg, a expliqué mercredi qu'il voulait d'abord comprendre pourquoi l'organisme américain avait estimé que la C Series ne portait pas préjudice à l'avionneur américain.«Nous avons été déçus du dénouement à la USITC, a-t-il dit au cours d'une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du quatrième trimestre. Les détails devraient nous aider à saisir la réflexion et devraient nous aider à aller de l'avant avec nos décisions.»

Les quatre commissaires de la USITC ont éliminé vendredi les droits compensatoires et antidumping de 292,21 pour cent préalablement déterminés par le département du Commerce.

En dévoilant les résultats du vote, l'organisme américain avait précisé que les explications des commissaires seraient rendues publiques d'ici le 2 mars.

Boeing peut porter la décision en appel auprès de la Cour américaine du commerce international, à New York. Des avocats spécialisés en droit commercial ont déjà expliqué à La Presse canadienne qu'il serait très difficile pour l'avionneur américain d'avoir gain de cause s'il décide de se prévaloir de cette option.

Interrogé par les analystes, M. Muilenburg s'est abstenu de dire s'il estimait que Boeing n'avait pas eu gain de cause parce que l'entreprise n'avait pas soumis d'offre à Delta Air Lines qui a finalement commandé 75 appareils CS100 en 2016.

Quant à savoir si le géant américain pourrait revenir à la charge avec une autre plainte si Bombardier décroche une commande pour son CS300 - le plus gros appareil de la gamme C Series -, il s'est contenté de dire que la décision du département du Commerce à l'égard des pratiques commerciales de son rival québécois tenait toujours.

«Tant que les règles du jeu sont identiques pour tous, nous n'avons (aucun problème), a affirmé le grand patron de Boeing. Mais elles doivent être les mêmes pour tous. C'est ce qui dictera les décisions que nous allons prendre.»

Alliance possible

Boeing a par ailleurs confirmé que les discussions se poursuivaient en vue d'un partenariat ou d'une acquisition de la Brésilienne Embraer, dont la gamme d'appareils E-Jets est mieux outillée pour rivaliser avec la C Series dans le segment des avions de 100 à 150 places.

M. Muilenburg a vanté les mérites d'une éventuelle combinaison entre les deux avionneurs, tout en concédant que le gouvernement brésilien avait des préoccupations dans ce dossier.

«J'ai bon espoir que nous pourrons conclure une entente, mais il y a encore du travail à faire de ce côté (avec le Brésil), a-t-il précisé. Même s'il n'y a pas de transaction, nous avons un plan solide pour croître. Nous savons exactement ce que nous allons faire.»

Plus tôt cette semaine, certains analystes financiers qui suivent les activités de Bombardier avaient estimé que sa victoire auprès de la USITC pourrait accélérer une alliance entre Boeing et Embraer.

En répondant aux questions des analystes, le grand patron de Boeing a plutôt affirmé que les pourparlers avec l'avionneur brésilien avaient débuté depuis un «assez bon moment», notamment en raison de la complémentarité entre les deux sociétés au chapitre des produits et de la main-d'oeuvre.

Au quatrième trimestre, Boeing a facilement dépassé les attentes de Wall Street en affichant un bénéfice de 3,13 milliards $ US, ou 5,18 $ US par action. Le profit ajusté par action s'est établi à 4,80 $, alors que les revenus trimestriels ont été de 25,37 milliards $.

Les analystes interrogés par la firme Zacks Investment Research tablaient sur un bénéfice par action de 2,91 $ US et sur des recettes de 24,83 milliards $ US.