Alors que le premier ministre Philippe Couillard crie à « l'injustice » dans le dossier de la Davie, où 800 emplois sont menacés, Ottawa s'est engagé hier à faire en sorte que le chantier de Lévis obtienne « le maximum de sa part du gâteau » en contrats fédéraux au cours des prochains mois.

M. Couillard ne digère pas la décision-surprise annoncée vendredi par la Marine royale canadienne, qui ne commandera pas de deuxième ravitailleur à l'entreprise. Davie vient de terminer un premier navire - l'Asterix - à l'intérieur des budgets et des échéanciers prévus, et tous à Lévis s'attendaient à un mandat imminent pour un second bateau.

En entrevue à La Presse canadienne, le premier ministre Couillard a réclamé hier qu'Ottawa agisse « de manière décisive » dans ce dossier très chargé politiquement. « La quasi-totalité des contrats a été concentrée en Colombie-Britannique et dans les provinces maritimes. On a créé une sorte d'état de fait, comme ça, qu'il faut arrêter ; il faut renverser ça et revenir à beaucoup plus de symétrie, de justice et d'équité dans l'attribution de l'activité. »

DUCLOS RÉPOND

Plusieurs élus et citoyens de la région de Québec n'ont jamais pardonné au gouvernement fédéral d'avoir écarté Davie en 2011, au terme d'un appel d'offres visant la construction d'une série de navires de guerre sur plusieurs décennies. Ce contrat, évalué à 60 milliards, a été confié à Irving Shipyard d'Halifax et à Seaspan de Vancouver.

Ottawa a fait savoir lundi que Davie pourrait tout de même soumissionner à des contrats pour de plus petits navires, évalués à 2 milliards. Bombardé de questions à son entrée à la Chambre des communes hier, le ministre fédéral Jean-Yves Duclos, élu dans la région de Québec, a tenté de se montrer rassurant quant à l'avenir du chantier lévisien.

« Ce dont il faut s'assurer, c'est que la Davie aille chercher le maximum de sa part du gâteau, a-t-il affirmé. Dans les circonstances, c'est les ententes contractuelles existantes, les opportunités sont importantes. »

M. Duclos a mentionné la possibilité de construire « de petits navires, de plus petits navires que ceux prévus par la stratégie navale », de même que de possibles contrats de rénovation et d'entretien. « Par exemple, des brise-glace dont le Canada a tellement besoin. »

Non aux « chaloupes »

Les dirigeants de Davie semblent toutefois peu intéressés à construire de petits navires. Ils ont rappelé cette semaine qu'ils détiennent le plus gros chantier au Canada, et estiment que leur capacité de production et leur expertise sont trop importantes pour fabriquer des « chaloupes ».

Les partis de l'opposition ont pressé Ottawa d'agir, hier. « On n'est vraiment pas rassurés, 113 personnes ont perdu leur job et 800 autres sont menacés, a lancé le néo-démocrate Alexandre Boulerice. Je pense que le gouvernement fédéral a une responsabilité d'être équitable dans la distribution des contrats fédéraux, et le Québec n'a clairement pas reçu sa part. »