Le mariage entre Alstom et Siemens était inévitable, selon le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, qui croit que d'autres joueurs, comme Bombardier, pourraient faire partie de la famille.

Témoignant devant la Commission des affaires économiques, mercredi, ce dernier a tenté de vanter les mérites de l'alliance des géants français et allemand dans le secteur du matériel roulant, alors que l'industrie ferroviaire se consolide pour rivaliser avec la société d'État chinoise CRRC.

Sur la défensive alors qu'il était pressé de questions, M. Le Maire a également ouvert la porte à la possibilité que le nouveau géant européen du matériel roulant puisse intégrer d'autres joueurs présents en Europe.

«Je suis convaincu que cette consolidation intégrera, le moment venu, Bombardier (Transport) et le constructeur espagnol (CAF), a-t-il dit. Ma conviction, c'est que nous aurons une recomposition industrielle dans tous les secteurs qui sera beaucoup plus rapide que tout ce que nous pensons.»

Le ministre français des Finances a cependant convenu que cette possibilité pourrait soulever des enjeux de «concurrence».

Bombardier Transport, dont le siège social se trouve à Berlin, en Allemagne, compte également quelque 2000 employés dans ses usines situées dans l'Hexagone. La multinationale québécoise n'a pas voulu réagir à la sortie de M. Le Maire.

Confirmée le 27 septembre, l'alliance entre Siemens et Alstom dans le secteur du matériel roulant donnera naissance à un géant de 62 300 employés présent dans plus de 30 pays. Cette entité - dont le siège social se situera à Paris - devrait générer des revenus de 18 milliards US, soit deux fois plus que le chiffre d'affaires réalisé par la division ferroviaire de Bombardier.

Cette fusion pourrait nuire à Bombardier Transport - qui aurait entretenu des pourparlers avec Siemens plus tôt cette année - même si certains analystes estiment que l'entreprise pourrait continuer à tirer son épingle du jeu sans partenaire.

«Dans un secteur où il y a trois puissances, mieux vaut être une des deux (premières) puissances, a dit M. Le Maire. Je préfère être dans la position d'Alstom qui est partenaire avec Siemens plutôt que d'être dans celle de Bombardier aujourd'hui.»

Le ministre des Finances a par ailleurs rejeté les critiques à l'effet que le gouvernement français a fait preuve de négligence en prenant la décision de ne pas entrer dans le capital d'Alstom.

Au cours de son passage devant la Commission des affaires économiques, M. Le Maire a affirmé que l'intervention de l'État dans ce dossier aurait pu faire échouer le rapprochement entre les deux multinationales.

«Dans ce cas, Siemens se serait tourné vers l'autre option qu'il avait sur la table, qui est celle de Bombardier, a-t-il lancé. Alstom aurait été isolée en France. L'entreprise aurait été incapable d'effectuer les investissements nécessaires afin de demeurer concurrentielle.»

Selon le ministre des Finances, il ne revient pas à l'État de «spéculer sur des entreprises dans un secteur concurrentiel», ce qui, à son avis, accroît le risque financier pour les fonds publics investis.

Lorsque le regroupement des deux sociétés européennes avait été annoncé, la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui détient 30 pour cent de Bombardier Transport, n'avait pas voulu commenter la transaction.

À la Bourse de Toronto, le titre de Bombardier a clôturé à 2,22 $, en hausse de trois cents, ou 1,37 %.