Un comité consultatif sur l'économie suggère au gouvernement d'accentuer ses efforts en vue de favoriser l'utilisation du transport électrique en installant jusqu'à 2000 bornes de recharge rapide et en haussant les avantages incitatifs pour atteindre le plus rapidement possible un parc d'un demi-million de véhicules.

Or, des voix doutent de l'efficacité de la mesure actuelle qui consiste à subventionner jusqu'à 8000 $ l'achat d'un véhicule à faible émission de gaz à effet de serre (GES). L'Institut économique de Montréal conclut dans une étude que les subventions sont inefficaces pour réduire les GES.

Monique Leroux, présidente du Conseil consultatif sur l'économie et l'innovation, présentera ce matin ses 12 recommandations après un an de travail. Le Conseil est formé de 32 grands noms comme Michael Sabia, patron de la Caisse de dépôt, et Sophie Brochu, PDG de Gaz Métro.

Actuellement, 18 000 véhicules électriques roulent au Québec. La province compte 83 bornes de recharge rapide, selon l'Association des véhicules électriques du Québec.

Chargé d'élaborer des propositions au gouvernement pour renforcer l'économie, le Conseil souhaite que les entreprises profitent de ce boom dans les ventes de véhicules électriques pour prendre leur place dans la chaîne de fabrication.

« Comment, avec Hydro-Québec et cet écosystème électrique, peut-on développer par le truchement de nos entreprises une chaîne de valeur plus grande ? » se demande MmeLeroux, dans une entrevue avec La Presse. 

« On devrait être les leaders dans le monde quand on pense aux batteries, aux bornes de recharge et aux pièces entrant dans la fabrication des voitures électriques. » - Monique Leroux, présidente du Conseil consultatif sur l'économie et l'innovation

Le rapport, intitulé Agir ensemble : Pour un Québec innovant, inclusif et prospère,couvre évidemment bien plus large que le domaine du transport électrique.

Pour résumer, un Québec prospère et innovant doit miser sur les technologies numériques, sur son énergie propre, sur le transport électrique, sur la relance de son secteur forestier et sur l'essor de l'intelligence artificielle.

FORMATION DE LA MAIN-D'OEUVRE

Tout un volet du rapport aborde aussi la question de la formation de la main-d'oeuvre. La solution propose aux entreprises de s'engager à la manière du système dual allemand.

« On veut mettre en place le dual québécois, avec les 48 cégeps et les entreprises. L'entreprise exprimerait ses besoins en qualification de main-d'oeuvre et les cégeps répondraient avec une formation dédiée de courte durée, laquelle permettrait de remettre à niveau des travailleurs rendus désuets dans leur formation », explique Mme Leroux.

La Commission des partenaires du marché du travail aurait le mandat de mettre en action les recommandations concernant le talent et le développement des compétences des travailleurs.

Les études et analyses ayant servi à la rédaction du rapport Leroux seront déposées sur le site web organisationnel. Le Conseil préparera un plan d'action d'ici la fin de l'année.

TROIS SUGGESTIONS PHARES POUR LE QUÉBEC

INTELLIGENCE ARTIFICIELLELe Conseil consultatif sur l'économie et l'innovation veut qu'il se crée au Québec le plus important écosystème d'intelligence artificielle en Amérique du Nord. « Il faut que les entreprises s'engagent de façon plus concrète qu'elles ne l'ont fait jusqu'à maintenant, dit Monique Leroux, présidente du Conseil. On propose la formation de fonds d'investissement. On propose au gouvernement de donner à ses actions une perspective d'au moins 10 ans. »

TECHNOLOGIES NUMÉRIQUESIl n'y a pas assez d'entreprises qui ont adopté les nouvelles technologies. Investissement Québec a certes entrepris une campagne de sensibilisation concernant le manufacturier intelligent, mais il faut maintenant élargir l'opération à toutes les sphères de l'économie, croit le Conseil.

RELANCE DU SECTEUR FORESTIERBien collectif, la forêt appartient à près de 95 % aux Québécois. Le Québec compte sur son territoire 2 % du couvert forestier mondial. « On devrait être parmi les leaders dans le monde dans la production de produits forestiers à valeur ajoutée, dans la capacité de bâtir des édifices de 15, 20 ou 25 étages en bois », dit Monique Leroux.